Je visais plus haut les pratiques de montage son et de mixage (principalement dans le cinéma, je vire donc dans un dramatique hors sujet, mais je ne peux parler que de ce que je connais).
Ces pratiques ne sont pas touchées par la baisse des salaires de la même manière que la composition musicale (je ne dis pas qu'elles ne sont pas touchées).
1 les prod qui tournent bien, avec budget correct ... :YuHirà a écrit : Tout simplement parce que les jeunes compositeurs sont aujourd'hui capables de faire aussi bien que d'autres plus âgés avec leur ordi. La concurrence étant ULTRA RUDE, un producteur trouvera toujours un EXCELLENT débutant pour payer aussi peu cher sa musique. C'est d'ailleurs en partie pour cette raison que David Reyes, un ami compositeur, s'est retrouvé à 26 ans à composer la musique du Renard et l'Enfant. Lui même en est conscient, même si tout le monde sait que c'est aussi un type BOURRE DE TALENT (certainement l'un des grands espoirs de la BOF française... ou plutôt belge)
Les gens de qualité et d'expérience qui travaillent sur des productions qui ont les moyens ne seront pas facilement remplacés par des petits jeunes qui débutent. Ce pour une simple raison et là je ne suis plus d'accord avec toi : un producteur ne trouvera pas toujours un excellent débutant. Tu le dis d'ailleurs toi même : ton ami qui n'a que 26 ans, et est l'un des grands espoirs de la BOF française ou belge constitue une exception : tout le monde n'est pas l'un des grands espoirs ... non ?
Concrètement et pour revenir au mix : un studio de mix coute cher, les prod sont les premières à le savoir et évitent d'y placer n'importe qui ! Il est rare de voir un petit jeune de 26 ans aux commandes d'un studio agréé Dolby (sauf s'il configure la console . C'est pareil pour le son direct : les productions, si elles ont les moyens, prennent des gens de confiance qui coûtent peut-être un peu plus cher lors des tournages, mais qui permettent d'économiser bien plus en post-prod.
En bref, les techniciens qui ont de la bouteille et qui travaillent régulièrement avec des productions sérieuses ont raison de s'en faire, mais pas pour une concurrence créée par des jeunes qui travaillent gratos. S'il y a une concurrence dans ce cas, elle ne peut venir que des gens de leur niveau car les prod sérieuses ne vont pas mettre en doute un film couteux pour sauver des sous sur le salaire d'un technicien. Si les prod se servent de l'argument des petits jeunes gratos pour négocier, ce n'est plus un problème de concurrence.
C'est ici que je voulais en venir dans le précédent mail : j'entends des gens qui ne travaillent que sur des films de plus de 5 millions se plaindre de "la concurrence" créée par "ces jeunes" qui font n'importe quoi gratos. J'entends d'autres gens se plaindre d'une récente baisse de leur salaire, baisse intolérable ... puis je regarde les salaires en question et je trouve leur discours tout à fait honteux quand on voit les sommes qu'ils continuent à gagner !
Ici il convient de préciser qu'il s'agit de certains techniciens, d'autres ont juste une attitude moins extrème, défendent leur beurre en négociant bien avec la prod, défendent par là-même le notre et je les en remercie.
2 les autres prods (c'est caricatural, mais sinon on s'en sort pas)
A côté de ces productions qui ont les moyens de travailler correctement, on trouve des productions fauchées qui sont forcées de faire des compromis avec les risques que cela représente en embauchant des gens plus jeunes, moins expérimentés et moins cher. Enfin on trouve aussi des productions débiles, qui essaient juste de faire des économies là où il ne faut pas et qui se plantent la gueule assez vite.
Pour ce qui est de la concurrence qui secoue les films pas cher, combien de techniciens formés au son sortent d'écoles chaque année (en belgique seulement) : disont environ une trentaine. Et combien tentent de rentrer dans la profession sans faire d'école (disons encore quelques uns)
Ca fait du monde ! Et combien de long-métrages sont produits chaque année en Belgique ... je vous laisse la suite
Le problème ne vient pas du fait que les gens acceptent de bosser gratos ... Le problème c'est qu'on est dans un marché complètement déséquilibré.
Malgré tout, je défends la gratuité. La gratuité, dans certains cas est quelque chose de très sain. D'une part elle permet à certains de se former, de s'essayer (sachant que les prod en question paient d'une certaine manière en prenant des risques). D'autre part, elle permet à certains projets qui vont à l'encontre des logiques de rendemment de se faire. Je travaille pour le moment sur un projet qui me coute de l'argent, mais qui me passionne ! Ce projet ne rapportera jamais rien je le sais, mais je le trouve intéressant, j'y ai beaucoup de liberté et je veux le supporter. Mais j'aimerais pouvoir le faire sans recevoir des critiques qui m'accusent de ne pas être solidaire ... de casser les prix ... Dans la défense de nos salaires des amalgames dérangeants s'immiscent . Il est évident que si le film se fait avec des sous, je vais essayer de négocier mon cachet au mieux.
Pour en revenir a ce qui nous interesse, les pub radio, qu'elles soient locales ou pas restent des pubs. Des objets purement commerciaux qui nous cassent les oreilles alors si on ne le fait pas pour les sousous, pourquoi ? Parce que dans les domaines gratuits, il y a des choses à faire de tout de même plus intéressant que des pubs intermarché (même s'il faut bosser au bar du coin pour y arriver).
Toutes mes excuses pour ce long long texte coup-de-gueule plein d'évidences et de vide dense, mais j'ai l'impression de toujours entendre un discours protectioniste sur la profession. Discours qui a toujours raison d'être mais qui comporte aussi sa part de danger quand poussé à l'extrème.