Alors ce « séminaire » ?
J’vous raconte …
Fraîchement réveillé, j’arrive à 9h29 (ma ponctualité me perdra) au 7eme étage de la tour Montparnasse, l’antre d’Adobe (pronounce : Adobi). Déjà pas mal de personnes dans une salle d’une petite 100aine de places qui finalement ne sera remplis qu’à moitié.
Un peu de pub pour la boite qui organise ce meeting et place enfin au « séminaire » (au tutorial de 2h quoi !). L’intervenant n’est autre que Jason Levine créateur de Cool edit pro chez Synthrillium et maintenant optimiseur d’Audition chez Adobe (rachat oblige).
Jason (oui maintenant on se dit « tu »), nous explique que ses domiciles successifs : Tennessee, Boston, Chicago, New York ne lui ont malheureusement pas permis de pratiquer régulièrement sa langue fétiche : le français, et entame donc à regret sa démonstration en anglais parfois francisé.
On découvre le logiciel avec les 5000 boucles libres de droit majoritairement faites par les petites mimines de Jason.
L’interface semble conviviale, des couleurs mais pas trop, la vidéo collée dans le coin gauche, un chutier son lisible et la place qui reste pour une fenêtre principale avec 3 onglets permettant de passer de l’édition d’un son à la vue éditeur multipiste ou à la planification de gravure sur CD. Et puis chose agréable en plus du peak-mètre classique on a le droit à un chouette fréquence-mètre et même un phase-mètre.
Jason tente de nous épater en mélangeant les instruments de boucles différentes (disco avec reaggae, etc.) tout harmonisant les tonalités à coup de pitch et en modifiant les tempos.
Le résultat est pas mal, la manipulation est simplifiée par rapport à d’autres logiciels mais rien d’incomparable avec la concurrence.
Certes, l’ensemble d’enceinte (grosses comme ma main) 5.1 JBL ne permet pas vraiment de trancher sur l’aspect qualitatif des algorithmes de traitements mais les limitations elles se font évidemment sentir lors du triturage d’un speaker que Jason cale en trim/pitchant pour qu’il se termine à la fin de sa vidéo de démonstration (+/- 30% de rallonge).
Gros point noir de cette démonstration, les organisateurs ont eu la mauvaise idée de vouloir tout faire en même temps, et se disent que les interactions d’Audition avec Premiere, Encore DVD, et After Effects vont sûrement captiver l’audience et asseoir la réputation d’Audition. On se balade donc très rapidement d’un soft à l’autre sans trop savoir pourquoi et les fonctionnalités communes à la gamme d’Adobe m’apparaissent soit d’une banalité sans nom, soit d’un amateurisme affligeant (ex : calage d’un « battement de texte » au rythme d’un kick techno).
Bref, la visite continue et malgré les allers venus répétés de soft à soft (oui j’insiste mais ça m’a soulé) on en découvre un peu plus sur le bestiau et ces fonctionnalités.
La partie traitement prend le dessus et révèle les véritables apport du logiciel, avec des outils très pratiques et surtout relativement intuitifs parmi lesquels : un séparateur de gamme de fréquence qui a partir d’une source créer 3 fichiers dissociant les fréquences Basse / Médium / Aigue ; un extracteur de voix centrale par fréquence (et non que par phase) qui a rempli sont rôle de manière très convaincante ; et enfin pour moi L’outil (avec un grand L) d’Audition, sa représentation spectrale des sons qui permet un nettoyage très précis de sources polluées par des événements sonores ponctuels ou tout simplement un bruit de fond. Le son y est représenté sur une échelle de fréquence et les couleurs (du noir au rouge vif) symbolisent l’amplitude permettant ainsi, à grand coup de zoom, de retirer un élément indésirable en dénaturant le moins possible l’ensemble, diablement efficace.
On s’attaque maintenant au multicanal avec un exemple pas vraiment bluffant (et surtout pas vraiment utile) de mise en profondeur d’un mix stéréo avec extraction de voix central, reverb de la musique sur les arrières, ajout des basses fréquences dans sub, etc. Par contre encore une fois un bon point pour la gestion des Pan par point clef qui parait très pratique à l’emploi.
La démo touche déjà à sa fin (oui c’était court !) et l’on a survolé la plupart des arguments commerciaux du soft : la compatibilité DX / VST, le support Rewire, l’encodeur 5.1, le module de gravure intégré. Le timecode est présent (en natif, ouf), et l’import/export audio/video multi-format. En revanche pour les exports de sessions point d’OMF ou autre, le .ses propriétaire est de mise. Le midi est dira t on toléré pas plus. Il est possible de repérer et marquer automatiquement les battements rythmiques d’un son et il y a également un outil permettant de créer des scripts de traitements personnalisés.
Voila. Je viens de télécharger la version démo ( -->
http://www.softpedia.com/progDownload/A ... 12949.html ) et je vais pouvoir me faire une idée plus précise de ce qui n’a été pour l’instant qu’un survol.
Le bilan d’après mon aperçu est simple, Audition reste un Cool Edit malgré les nombreux ajouts, c'est-à-dire AMHA un bon logiciel actuel de traitement intuitif et performant mais sûrement un piètre outil de mixage. La partie montage et calage n’a pas été abordé une seule fois et l’on n’a même pas vu à quoi ressemble le mixeur… Pas de gestions d’ASIO et pour l’instant (avec gros clin d’œil de Jason) pas de support des interfaces
Pro Tools. Bouche cousue aussi sur l’éventuel support des surfaces de contrôles. Comme Adobe Premiere en son temps, Audition cherche je pense ses marques et vacille entre logiciel de traitement pur (sur lequel pour moi il doit se concentrer uniquement vu ses possibilités) et tout en un performant à l’échelle des références en la matière ou la il ne brille pas vraiment. A vouloir tout faire il se décrédibilise tout seul sur certains points et laisse cet arrière goût d’amateur/pro selon comme on le considère.
Mais qu’on se le dise, Jason nous a prévenu : « Audition sera le Photoshop de l’audio » , a bon entendeur.