Sound Designers

YuHirà a écrit :tu avais évoqué rapidement cette polyvalence musique/mixage/montage dans tes messages. D'une part, cela rejoint des préoccupations personnelles, et d'autre part je vois de plus en plus de monteurs et de mixeurs son se lancer dans la musique, et vice et versa , comme si l'une de ces activités était un prolongement naturel de l'autre. Or je suis convaincu que cela reste des métiers bien différents.

Mais cela reste un point de vue personnel. Plusieurs intervenants de ce site comme Zikayan ou Heral m'ont démontré qu'on pouvait être excellent dans les deux domaines.

Connaissant assez bien, voire même très bien, les deux énergumènes que tu cites, et travaillant même régulièrement avec l'un des deux, je peux peut être apporter un éclairage sur la discussion en cours via cet exemple précis.
Personnellement, je n'ai absolument pas la prétention d'être musicalement au niveau de Yan ou de Christophe en ce que je suis très mauvais dans le travail sur commande et que je n'excelle pas dans de multiples styles musicaux.
Ca ne m'empêche pas pour autant de faire de la musique et même, oserais je dire, de faire parfois une musique qu'eux mêmes seraient probablement mal à l'aise à faire (rock-electro-experimental). Yan m'a d'ailleurs déjà mis sur un "coup" où il pensait que ma musique était plus adaptée au film en question.
Il n'en reste pas moins que je ne me considère pas comme compositeur de métier et ai tout à fait conscience de ne pas être au niveau des deux zozios précités.
Bref.
A l'inverse, je pense pouvoir me déclarer plus compétent et expérimenté qu'eux en mixage (je laisserai le montage son de côté). Ce qui ne m'empêche pas d'avoir déjà été extrêmement séduit par des mixages qu'ils ont réalisés, voire même d'être bluffé par certaines libertés qu'ils pouvaient prendre. N'étant précisément pas mixeurs de "métier".

A l'inverse, je passe mon temps à entendre des musiques de grands professionnels de la profession, ou des mixages de mixeurs confirmés, où, pour moi, non seulement il ne se passe rien mais, fréquemment, je n'aime pas ce que j'entends.
Donc, la spécialisation, pourquoi pas, mais ériger ça en garantie d'excellence en opposition à une soit disant "dispersion des compétences", je n'y crois pas une seconde.

Maintenant, je n'érige pas ça en principe et n'en parlais ici que parceque ça me semble être dans le "sens de l'histoire", que ça plaise ou non....

Globalement je me sent proche de Dupont pour son rapport au "métier".
Je n'ai jamais cru et je ne crois pas qu'en débutant dans ce métier (sauf cas très particulier) on puisse se dire "moi je fait du cinoche, un point c'est tout" et je choisi la voie de l'assistanat pour y arriver (même si on apprend énormément).

On fait un métier très sensoriel et je me dit qu'il faut être confronté aux multiples facettes de cette matière sonore pour en comprendre les mécanismes et les maîtriser. Le travail du son est à la fois technique, narratif, et émotionnel.
Je ne pense pas que pour arrivé au "but ultime" de faire du cinéma il faut à tout pris ne faire que du ciné.

Pour des choix de vie j'ai choisi la voie de la polyvalence: prise de son en doc, montage son et mixage TV.
Même si mon envie est de faire des bandes sons (montage, création sonore) j'ai toujours été surpris de comprendre une facette du son là où je ne l'attendais pas.
J'ai progressé en prise de son grâce au montage son, le peu de film que j'ai monté et pas mixé on été ,d'après les mixeurs, bien préparé et agréable à mixé pour eux. Si je ne savais pas mixé, ça n'aurai pas été le cas.

Plus récemment, j'ai repris la sonorisation (pour une asso) après 10 d'abstinence et là miracle même sans avoir pratiqué c'était 10 fois mieux qu'il y a 10 ans (la sono était ma bête noir). L'habitude d'écouter en studio, nous fait sauté aux oreilles les défauts d'acoustiques. Donc le studio m'a fait progresser en sono et en retour la sono m'a fait mieux ressentir l'acoustique. Du coup me fait progresser en mixage et prise de son.

Pour moi l'expérience ultime, c'était il y a peu quand j'ai été obligé (ce fut tout de même un plaisir) d'enregistrer une maquette pour le groupe de musique dont je fait parti (amateur)... et là j'ai vraiment été confronté à un exercice autrement plus difficile de mixage, cette claque que j'ai eu m'a vraiment fait avancer sur le mix et le travail sur la musique à vraiment changé ma façon d'aborder un mix à l'image. Alors faire ce genre d'expérience tout au long de sa "carrière" me semble plutôt indispensable, car j'ai déjà bossé sur de la musique il y a 10ans et je n'étais pas assez mature pour en tirer ce genre de bénéfices.

Tout ça pour dire que je pense que même si on a un but, faut pas s'interdire de faire des petits projets et d'explorer toutes les facettes de la matière sonore car c'est un tout... et en plus si ça permet de manger.
De plus je ne pense absolument pas qu'un bon assistant deviendra un jour un bon mixeur ou monteur, faut dès que possible se mettre sur des "petits" projets pour avoir les mains dans le cambouis et apprendre à en avoir la responsabilité. Et c'est plus facile de se foiré là... en plus c'est fou ce qu'on peut y faire sur ces petits projets, on a souvent une grande liberté.

J'ai même été, et j'osais pas trop en parler au début, monteur image sur 3 documentaires au début quand je touchais à tout. Et avec le recul, je peux vous dire que cette expérience est super, car quand je bosse avec un monteur image on se comprend mieux et ça me permet de cerner toutes les étapes de la post-prod.

En bref, mon but c'est de maitriser la matière sonore et c'est mon but ultime, après que je bosse sur des films à grosse diffusion ou pas c'est pour moi moins grave... Il se trouve que des projets ciné s'ouvre à moi, tant mieux, mais c'est pas une obsession.