J'écoutais pour moitié du rock quand j'étais ado mais je ne considère pas pour autant avec tristesse ceux qui ont pu prendre une direction différente. Le fait qu'il vienne du rock ne dérange pas trop ceux qui l'écoutent, et encore moins Zimmer.
Je ne savais pas non plus que la musique se devait d'être obligatoirement subtile (exit le punk, le grunge, le hard). Un rockeur est-il également obligé de se contenter d'une formation basse-batterie-guitare? On parle constamment dans notre milieu de chercher de nouveaux chemins. Mais quand quelqu'un explore une nouvelle façon de voir (faire du rock avec de l'orchestre, afin de concilier efficacité du rock et solennité de l'orchestre, rompant ainsi avec une tradition post-romantique à la mode depuis quelques décennies depuis Star Wars) et qu'il finit par devenir un compositeur important, on est tout aussi prompt à critiquer la démarche. Sommes-nous condamnés à explorer toujours les mêmes chemins? Est-on obligé de marcher dans les pas d'un Herrmann (que j'aime beaucoup aussi), qui est bien mort, comme s'il était une référence absolue? C'est d'autant plus absurde qu'à l'époque, Herrmann n'était certainement pas aussi bien considéré qu'il ne l'est aujourd'hui. Et on n'est pas obligé non plus de marcher dans les pas de Zimmer, bien entendu!
D'ailleurs, je suis très surpris que tu puisses dire que Zimmer est prévisible (sa seule prévisibilité c'est l'assurance d'une BO livrée à temps). Parce qu'entre Spanglish, Da Vinci Code, Hannibal, POTC, Two Deaths et The Thin Red Line, il y a des différences énormes. Personnellement, une fois sur deux je suis surpris par son approche (je parle de Zimmer, pas de RCP).
C'est une histoire de génération et de conditionnement. On ne se reconnaît pas dans un langage qui dévoie artistiquement des schémas dans lesquels on a grandi, qui sont des repères auxquels on s’accroche comme à une bouée... Et on s'empresse d'y accoler notre jugement musical alors qu'on a tous connu l'incompréhension de nos aînés face à ce que l'on écoutait.
Je n'ai jamais compris ce critique à la mode concernant la surdité des producteurs. C'est une facilité. C'est escamoter le vrai débat. C'est une généralité, du mépris, de l'ignorance, je n'en sais rien, mais c'est un argument qui n'a pas plus de consistance que du vent. Quelqu'un aime autre chose que moi? C'est un plouc qui n'a pas d'oreille
Sur POTC, c'est Alan Silvestri qui était en charge de la musique au départ. Son score a pourtant été rejeté. Il y a bien une raison à cela. Et à mon avis, Xavier, si tu avais été là, pendant le processus, entendant les commentaires des uns et des autres, tu aurais peut-être compris la logique à l'oeuvre. Pourtant, je déteste la musique de POTC (vraiment), mais intellectuellement je la comprends complètement: POTC est l'anti-film de pirates par excellence. La façon de jouer de Johnny Depp, inspirée de Keith Richards (EDIT), est très rock. Une vision ultra symphoniste aurait été sans doute à côté de la plaque. D'ailleurs je regardais dernièrement le combat de POTC avec la musique golden age de John Debney pour l'Île aux Pirates. J'ai trouvé cela complètement inapproprié.
Herrman n'aurait jamais pu composer Why So Serious. Personne d'autre que Zimmer n'aurait pu le faire. Personne d'autre n'aurait pu composer ses trucs un peu fous au violon qu'on entend dans Da Vinci Code. Subtils ou pas, ce sont des chemins différents, qui procurent des émotions différentes.
Desplat a 4 ans de moins que Zimmer, il est son antithèse, il est plus proche de Hermann, il travaille seul et il fait 10 films par an dont Harry Potter. Son approche ultra subtile est pourtant tout aussi critiquée par les béophiles.
Il n'y a pas de musique idéale dans l'absolu. Il y a une musique pour chaque projet, plus ou moins influencée par des modes... qui passent... comme toutes les modes.