Je suis tout comme toi surpris et interrogatif sur ces ventes massives de matériel. Maintenant, ils ne peuvent pas tout garder, vu le nombre d'achats qui se pratique chaque année, pour le site de Paris et pour les locales. Le matériel réformé est stocké dans un immense entrepôt et les quelques centaines (millier) de mètre-carrés loués leur coûte cher à l'année. Ce n'est pas la première vente aux enchères, il y en a déjà eu autours des années 1999-2000-2005, et même bien avant (j'y avais participé, soit comme acquéreur direct, soit comme enchérisseur).
Reste le point passionnant que soulève Dorian qui fait débat : la sauvegarde de la culture de la production radiophonique, symbolisée par le matériel, par les méthodes de travail qui y sont attachées, et par l'organisation des studios et autres entités de production (jusqu'à l'architecture des bâtiments, un exemple peut être trouvé sur ce site
http://zeitreisen.cre-aktiv.com). Même le musée de Radio France n'existe plus, du moins les objets ne sont plus du tout exposés, ils dorment simplement dans des caisses bien loin du lieu (je l'avais visité en avril 1974). Cette sauvegarde du patrimoine serait sans doute un prolongement de la mission de l'INA, au delà des archives sonores et visuelles, c'est-à-dire la sauvegarde des méthodes et moyens de production.
Pour l'heure, ce sont des personnes privées qui s'intéressent à cette question, nous, avec nos propres moyens financiers et notre intérêt pour ce sujet. Ce puissant intérêt ne se porte pas sur le matériel en lui-même; il se porte plutôt sur le comment et le pourquoi les stations de radiodiffusion ont pu obtenir tel ou tel résultat, au fil des époques. Dans cette vaine conductrice, je ne conserve une machine que si cette dernière nous raconte une histoire, corroborée par une écoute, un son, une musique, un film ou une émissions radiophoniques. Et il faut que celle-ci soit encore une machine fonctionnelle, de manière à pouvoir l'insérer dans une chaine de production moderne.
Pendant longtemps à la recherche d'un fond culturel de production qui a bâtit avec noblesse cette culture médiatique d'aujourd'hui, je pratique cette quête pour la réalisation/production musicale et l'enseigne depuis 5 ans, parfois sous ses aspects sociologiques (ce qui passe mieux à l'université); pourquoi ne pas le faire pour la radiodiffusion ? Cet univers est tout aussi intéressant.
(Avec similitude, Laurent Mannoni fait un travail énorme et d'une qualité remarquable à la cinémathèque de Paris sur l'art cinématographique).
Des questions restent encore posées, du moins deux :
apprendre à conserver ne veut pas dire devenir collectionneur. Je le vois plutôt comme une expertise, c'est-à-dire posséder la connaissance nécessaire des moyens de réalisation d'une époque, d'un pays, un établissement de radiodiffusion, d'un producteur significatif. A partir de cette connaissance, se crée une forme d'académisme, une école, et pourquoi pas un art. La connaissance de l'histoire et de la chirurgie des réalisations nous permet d'innover et de continuer à créer sans rupture, en satisfaisant les auditeurs et en s'assurant de leur fidélité. Radio France poursuit-elle sa route vers ce chemin ? Je voudrais y croire.
A l'heure de la radio par internet, sans monopole, sans espace public, sans restriction en tout genre (ce qui est en rupture totale avec la conception ancienne de la diffusion hertzienne), il est temps de faire quelque chose de constructif : cette liberté longtemps revendiquée peut-elle aboutir à une entité culturelle et même donner naissance à des œuvres artistique ? J'y crois.
---
Autreradioautreculture a repris l'enregistrement d'émissions, on en diffuse 3 nouvelles sur
www.autreradioautreculture.com en streaming (site trés provisoire) depuis 1 mois. Si vous avez des idées, des sujets, elles sont les bienvenues.
Bien amicalement