Salut tout le monde,
je prend le fil de la discussion un peu tard mais je vais essayer de vous donner le point de vue de quelqu'un qui travaille dans le jeu vidéo (pour la compagnie citée au début de ce mail d'ailleurs).
D'abord dans les faits: il est vrai que nous (quand je dis nous c'est la compagnie, pas moi) avons eu des soucis avec certains compositeurs inscrits à la SACEM (certains… pas de généralités hâtives). Du coup les compositeurs SACEM sont maintenant bien souvent exclus du processus de pitch et le légal refuse tout simplement de négocier (sauf cas vraiment exceptionnel) avec un compositeur inscrit à la SACEM. Je ne dis pas que c'est bien ou mal, mais c'est en tout cas ce qu'il se passe.
Pour la partie commerce vs. compositeur pur. Je comprends bien l'idée. J'ajouterais un bémol cependant. Ne nous faisons pas encore (à de rares exceptions prêtes) du jeu vidéo d'auteur, je le concède et le déplore en même temps. Nos jeux sont destinés à un marché de masse et vient avec cela certaines contraintes pour tous les départements (animations, script, son, etc...). Cependant, et je l'ai encore expérimenté il y a un mois sur mon projet actuel, j'ai une presque totale liberté artistique pour le choix du compositeur, à partir du moment où ma direction est comprise et accepté par l'équipe. J'ai pu choisir sans contrainte les compositeurs que je souhaitais pour le pitch. Et ensuite j'ai retenu celui qui à mon avis servait l'ambiance et l'histoire le mieux possible. La seule contrainte que j'ai eue à été financière. J'aurais aimé pouvoir travailler avec le Chronos Quartet pour le thème du jeu. Trop cher...
Dommage. De même, Il est évident que si j'avais le budget pour aller chercher Philip Glass par exemple (s'il était intéressé), j'aurais intérêt à proposer quelque chose de très sérieux et à démontrer pourquoi ca va marcher.
Ensuite, et pour conclure, j'ai beaucoup de fierté à travailler avec des compositeurs (connus ou pas) et a essayer de faire la meilleur musique possible dans les contraintes que nous avons (qu'elles soient financière, artistique, technique, ...). Je rencontre des gens toujours passionnés et souvent très bons. Et de ce que j'observe autour de moi, je pense que cela peut être très gratifiant pour un compositeur de travailler sur un média comme le jeu vidéo. Il y a tellement de possibilité et de problème à surmonter qu'il me parait plus difficile de produire un ensemble cohérent (et qui fonctionne malgré la non-linéarité) que dans le cinéma par ex.
Bref tout ca pour dire qu’au milieu des budgets qui grossissent, des producteurs qui capotent sur les chiffres de ventes, des rachats de studio et autres petits bonheurs quotidiens du jeu vidéo, il subsiste malgré tout un espace où on peut travailler de façon relativement libre et créative ! Mais il faut le défendre en étonnant et en étant toujours créatifs
Pfiou... c'est long comme post ca??
p.s : nous travaillons effectivement avec cession de droit, mais la rémunération est (selon moi) en rapport avec cela. Jusqu’à présent quasiment tous les compositeurs avec qui nous travaillons ont toujours souhaité recommencer l’aventure.
