Yuhira,
Ce n'est pas la perte de confiance qui explique la crise actuelle, ce serait trop simple. Un exemple : les CDS (credit default swap), qui sont des assurances sur les défauts de paiement. Une institution financière va créer un titre en faisant un packaging de différentes dettes (immobilières comme les subprimes, aux autres), obligations, actions, dérivés (je vous explique les dérivés un autre jour si vous voulez, c'est du vrai casino ce truc !), et des trucs encore plus alambiqués (savez-vous qu'il existe un titre sur le CAC 40 ? C'est à dire un pari sur la valeur que va avoir le CAC 40 à un instant "t". Pourtant le CAC 40 n'a aucune valeur et n'est qu'un indice... Et bien vous pouvez spéculer dessus ! Enorme, non ?). Tout ça, c'est ce qu'on appelle la titrisation : la possibilité pour une institution financière de créer des titres comme elle veut avec ce qu'elle veut, et de la vendre. Ce titre arrive sur les marchés et se vend et s'achète, prenant ou perdant de la valeur.
Vous me suivez toujours ? Et bien, pour se garantir des défauts de paiement sur les titres, les banques (qui achètent ces titres synthétiques dont elles ne savent même pas de quoi ils sont composés) ont commencé à s'assurer les unes les autres (garanties croisées), puis ont créé des titres avec ces assurances, et ont commencé à les vendre à leur tour, et c'est reparti pour un cycle de spéculation. Ces CDS représentent aujourd'hui des sommes que personne ne peut payer, c'est très con, parce les défauts de paiement sont en train d'affluer, vu que tout repose sur rien et qu'un grain de sable a suffit pour faire tomber la machine : les subprimes, les ménages américains surendettés qui ne peuvent plus payer leur crédit immobilier.
Tout cela n'a rien à voir avec la confiance !
C'est comme ça qu'on crée un système qui s'auto-entretient et monte de manière folle, avant de s'effondrer : On ne vit pas une crise des sub-primes, mais une crise bien plus générale qui a été déclenchée par les sub-primes. Continuer à injecter de l'argent dans ce système ne sert à rien : c'est un puits sans fond. Il faut fermer tout ça une bonne fois pour toute, on ne sait même pas jusqu'à quel point les conséquences peuvent être graves dans le cas contraire. Quand on voit que beaucoup de politiques appellent à une régulation mondiale gérée par le FMI, j'ai envie de crier au fou. Quelle est la légitimité du FMI ? Aucun mandat démocratique ou électif, un passif plutôt lourd (de graves responsabilités dans la crise argentine et dans de nombreux pays émergeants. Le FMI a d'ailleurs été foutu à la porte au Brésil, en Argentine, dans plusieurs pays de l'Asie du sud-est, qui s'en portent beaucoup mieux depuis), et qui le gère... Les mêmes qui gèrent les bourses, les banques centrales, et tout ce merdier qui est en train de nous tomber sur le coin du nez. C'est comme demander à un assassin qui ne se serait pas repenti de chosir lui-même sa peine. Pierre Hillard, docteur en sciences politiques, parle ouvertement dans son dernier ouvrage de menace de gouvernement mondial, ni plus ni moins. Donner les pleins pouvoirs économiques de "régulation" au FMI en serait la première étape.
Personnellement, je ne suis donc pas pour une régulation du système : on ne régule pas la peste ou le choléra. Il faut revoir les choses en profondeur, et changer complètement de système.
Pour finir, c'est difficile de comparer ce qui se passe avec quoi que ce soit, on est très loin de la crise de 29 qui était de nature différente (il n'y a pas eu l'hyperinflation qui nous menace), et géographiquement plus limitée (pour l'essentiel, seulement le monde occidental).
Comme vous pouvez le voir, j'ai arrêter il y a longtemps, mais je continue de m'intéresser au sujet et de lire sur les sujets d'éco...
Désolé d'avoir encore été un peu long et énervé.