Sound Designers

Bonjour à tous,

Étant aussi un admirateur de Miche Serres, je ne peux que rejoindre les idées prolongeantes de notre ami Heral.

Je developpais l'autre jour la thèse que la croissance économique doit se voir remplacer par une croissance des idées et de l'esprit.

Biensûr on est loin de nos besoins pragmatiques quotidiens nécessaires pour vivre. Malgré tout, c'est dans cet état d'esprit et dans cette espérance d'un développement intellectuel des possibilités humaines, que j'accepte que ma rémunération soit trois fois moins élevée que celle s'il y a 10 ans.

Bien amicalement.

heral a écrit : - deux, pas la peine d'aller au maroc, , venez uniquement en province, et vous verrez que les tarifs ne sont pas du tout les mêmes qu'à Paris (mais les loyers et les charges non plus

Le seul audi ciné au Maroc est celui du Centre Cinématographique Marocain, à Rabat. Un établissement public, donc.
Les tarifs sont de 1100 Dhs (100 €) l'heure, avec ou sans le mixeur maison. Après discussion, le mix d'un long métrage tourne autour de 7000 € pour deux semaines.
Malgré ça, une grosse partie de la production marocaine (22 films en 2011, avec des budgets de l'ordre de 3 à 500 000 €) est mixée... à Rome!
Ainsi que beaucoup de films fauchés algériens, tunisiens, etc...
Je viens d'y passer deux semaines pour le mix d'un film dont j'ai enregistré et monté le son: audi impeccable, Dolby D, 4 ProTools HD, console SSL MT+, belle écoute, etc...
J'ai vu la facture. Mixage deux semaines, mixeur compris, reports, etc...: 1850 €!
Le monde change...

(pour le reste, je suis assez d'accord avec toi, heral.)

@Heral:
@Labroue : Une belle éthique, que malheureusement peu peuvent se permettre.

J'ai croisé hier un post-producteur lors d'une projo et dans la discussion je lui ai parlé de budgets , tarifs , et le résultat condensé de cette discussion pour lui c'est qu'un projet global la plupart du temps n'est pas "pricé" uniquement sur la partie montage son / mixage , elle inclue entre autre aussi les digits, le montage image, l'étalo, les sorties pour PAD en télé , les dupplications, les sauvegardes ...

Bref, il m'a accordé que la partie auditorium de mixage, même si les tarifs heure ou journée ont baissé , conserve un très bon ration en marge pour lui , même s'il payait mieux un mixeur, cependant les autres postes ne font pas beaucoup de marges , il y a beaucoup de salariés et de charges , et c'est souvent la marge du mixage qui permet de rentrer dans les clous d'un budget global accepté par la prod pour venir.

Pour faire plus simple et grossier , le poste "mixage" permet entre autre de tenir un budget global et de payer tout le monde , il n'est alors plus possible de payer un mixeur " non permanent" en rapport du prix horaire d'un auditorium.

D'un autre côté , le poste "mixage" sera selon lui l'un des dernier à survivre dans une structure de post-production, le montage se faisant de plus en plus dans la prod ou chez le monteur , l'étalonnage semblant suivre le même chemin , et les duplis étant amenés à disparaitre avec la disparition prochaine du support bande.

Pour survivre , il faut être "multitache" et apporter un plus à la fois qualitatif, pratique et économique aux productions, c'est la seule manière pour qu'ils obtiennent le service optimal (désiré ou non) , un prix inférieur pour mieux gérer leurs budgets , et pour nous de pouvoir mieux dealer notre tarif.

Bon, tout arrive , je viens de commencer un job récurrent dans une nouvelle prod pour un mix hebdo et ils appliquent tout simplement les salaires minima en post prod audiovisuelle ( fichier vu sur le site de l'UPSA, soit pour être transparent , la pige est à 313 euros brut pour 8h ( je déborde des 8h un peu pour le moment mais c'est toujours comme ça avec un nouveau programme , après avec la belle charte son que je leur ai fait je devrait tenir dans les 8h sans problème).

A grosso modo 39 euros l'heure , je retrouve en 2012 le tarif horaire que j'avais il y a 20 ans ....

Merci encore pour ta transparence

SEBMILOS a écrit :Bon, tout arrive , je viens de commencer un job récurrent dans une nouvelle prod pour un mix hebdo et ils appliquent tout simplement les salaires minima en post prod audiovisuelle ( fichier vu sur le site de l'UPSA, soit pour être transparent , la pige est à 313 euros brut pour 8h ( je déborde des 8h un peu pour le moment mais c'est toujours comme ça avec un nouveau programme , après avec la belle charte son que je leur ai fait je devrait tenir dans les 8h sans problème).
A grosso modo 39 euros l'heure , je retrouve en 2012 le tarif horaire que j'avais il y a 20 ans ....

Plutôt d'accord avec toi, j'accepte la souplesse dans la préparation, la mise en place des mix et la finalisation..
Mais il me semble que la grille USPA est à 362,95 Brut pour 8 heures de mix (ingénieur du son spécialisé)
La réalité est peut-etre loin de ça ?
Cordialement

heral a écrit :[mode explosion open] je sais que je vais me faire exploser, mais c'est pas bien grave, j'ai l'habitude [mode explosion / closed]

Pourquoi te ferais tu exploser? Chacun à le droit de s'exprimer comme il l'entend

- un, comparer un salaire américain et celui d'un français ne veut pas dire grand chose, sachant que le niveau de protection sociale n'est pas le même, le cout de la vie non plus.

Tout à fait, mais avec quelques indices on se rend compte des différences: aux US il n'y a ni intermittence du spectacle, ni secu. Les mixeurs non résidents (pas embauchés à l'année par un studio) doivent donc cotiser pour leur retraite, leur assurance maladie par leur propre moyens. C'est souvent les syndicats qui prennent ça en charge. Donc au final ils ont nettement moins d'avantages que nous, pour un coût qui est moindre également.

- trois, personnellement, je trouve que 630€ brut/jour (voire plus ) pour mixer du cinema, plus l'intermittence les jours non travaillés, plus les congés spectacle, c'est au moins un salaire plus que confortable, quand on voit tant de gens dormir dans la rue, et quand on voit que nombre de ces films font à peine 25 000 entrées payantes...

Entièrement d'accord avec toi sur le fait que c'est un bon salaire. Par contre, le nombre d'entrées n'a rien à voir avec. Le mixeur est payé pour son travail, et le code du travail dit clairement que tout travail mérite salaire. Même les contrats en participation sont hors la loi (jurisprudence la dessus). Donc, si tu te place du coté du mixeur, si le film fait le plein d'entrées c'est bien car ça lui fait de la pub. Sinon, ben c'est un peu la pub à l'envers (adage Hollywoodien: on n'est qu'aussi bon que son dernier film). Si on suit ton raisonnement, il faudrait être payé beaucoup moins cher pour les films qui ne feront que 25000? Et seuls peuvent gagner le salaire "normal" les mecs qui bossent sur les grosses machines?

de plus, des outils comme protools ont apporté dans le cinema, des méthodologies de travail qui remettent en question la traditionnelle chaine de la postprod son

Oui, mais ça n'enlève nullement le besoin de compétences et de talents

il ne faut que vous ayez peur des chinois, mais simplement des gens qui sont autour de vous, des stagiaires que vous aurez pu former, et qui accepterons de bosser pour 3 fois moins cher que vous.

C'est pour ça que je casse systématiquement 4 doigts à chaque main des stagiaires qui sortent de chez moi à la fin de leur stage

Steven1145 a écrit :

heral a écrit : - un, comparer un salaire américain et celui d'un français ne veut pas dire grand chose, sachant que le niveau de protection sociale n'est pas le même, le cout de la vie non plus.

Tout à fait, mais avec quelques indices on se rend compte des différences: aux US il n'y a ni intermittence du spectacle, ni secu. Les mixeurs non résidents (pas embauchés à l'année par un studio) doivent donc cotiser pour leur retraite, leur assurance maladie par leur propre moyens. C'est souvent les syndicats qui prennent ça en charge. Donc au final ils ont nettement moins d'avantages que nous, pour un coût qui est moindre également.

I agree

Steven1145 a écrit :

- trois, personnellement, je trouve que 630€ brut/jour (voire plus ) pour mixer du cinema, plus l'intermittence les jours non travaillés, plus les congés spectacle, c'est au moins un salaire plus que confortable, quand on voit tant de gens dormir dans la rue, et quand on voit que nombre de ces films font à peine 25 000 entrées payantes...

Entièrement d'accord avec toi sur le fait que c'est un bon salaire. Par contre, le nombre d'entrées n'a rien à voir avec. Le mixeur est payé pour son travail, et le code du travail dit clairement que tout travail mérite salaire. Même les contrats en participation sont hors la loi (jurisprudence la dessus). Donc, si tu te place du coté du mixeur, si le film fait le plein d'entrées c'est bien car ça lui fait de la pub. Sinon, ben c'est un peu la pub à l'envers (adage Hollywoodien: on n'est qu'aussi bon que son dernier film). Si on suit ton raisonnement, il faudrait être payé beaucoup moins cher pour les films qui ne feront que 25000? Et seuls peuvent gagner le salaire "normal" les mecs qui bossent sur les grosses machines?

Steven, je n'ai jamais parlé de rémunération style "contrat de participation" ou rémunération proportionnelle que nous laisserons aux auteurs

non, il n'est pas question d'indexer un salaire de technicien sur le nombre d'entrées d'une production

C'est tant mieux pour le cinema français, que nous ayons une telle diversité, une telle offre, que les gros saucissons permettent de faire vivre le cinema disons....moins populaire.

je parle simplement de crise européenne, de bouleversements "statutaires", de réalité économique.
je reviens à l'instant de Paris, et c'est quand même hallucinant de voir la misère dans le rue comme on la voit actuellement !

Je tentais juste de parler de décence, et je pense que voter Mélenchon "par bonne conscience" , en espérant intensément qu'il ne puisse pas passer au second tour, ne suffit pas, même si c'est un bon début !

oui, il va falloir accepter de gagner moins que durant les années fastes, sous lesquelles ont été instaurés les barèmes syndicaux des professions de l'audiovisuel (à l'époque, il n'y avait d'ailleurs que 4 chaines de télévision) !
les années 80 sont terminées, on a même changé de siècle.

enfin, moi, tant pis si je choque, je suis prêt à gagner moins ( de fait, je vous rassure, je gagne moins et on me demande pas mon avis ) quand je vois le désespoir de tant de gens sur terre....même si cela ne sert à rien, ou à pas grand chose, c'est juste une question de solidarité humaniste, humaine

voila , c'est pas très corporatiste, mais plutot coeurporatriste ...

Ca tombe bien, bcp de gens sont prets à moins te payer aussi ....

Íe veux simplement rappeller que ces salaires integrent le prix de la precarité, a combien vous l'estimez vous le prix de la precarité ?

La “vraie" ques†ion est , de mon point de vue, le cinema institutionnellement financé, pt il etre un cinema audacieux ? la reponse est dans la question ...dans ces conditions comment un cinema audacieux pt il exister autrement que par l'effort des acteurs (au sens large du terme) il y là une place pour l'altruisme , à condition que l'altruisme reste à sa place.