Bonjour à tous,
voici un retour sur le débat loudness et calibration:
Pour rebondir sur la discussion du forum, il est fondamental de préciser selon quel protocole étalonner l'écoute, de sorte que les niveaux de travail recommandés aient du sens en regard de la R128.
La question n'est pas de savoir si tel ou tel bruit rose est "rose clair", "foncé", "tire sur le rouge"
Dans étalonnage, il y a étalon; à ce titre, il me parait très déplacé de ne pas utiliser cet étalon pour l a calibration ou d'en contester la justesse. La définition de l'étalon est qu'il sert de référence à tous.
("Un étalon, en métrologie et dans les systèmes monétaires, est un modèle de mesure ou de poids qui sert de point de référence.")
Aussi, on essaie aujourd'hui d'appliquer à notre chaine audio, plutôt numérique, des principes qui proviennent du monde analogique, et du monde du cinéma, issus d'une longue réflexion basée sur le savoir faire, le souci de rigueur, de transparence.
Le propos était de garantir que, tout au long des différents échanges, au cours des différentes étapes de production et post production, le signal écouté correspondait au signal d'origine. A ce titre, dès le tournage, un 1000hz de référence était enregistré sur la bande, avec indication du niveau de polarisation.
A la recopie, pour passer de la 6,25 du Nagra au support 16mm ou 35mm, ce 1000hz permettait de calibrer le niveau de transfert.
En audi, ce 1000hz servait à calibrer les défileurs, indépendamment de leur polarisation.
Après mixage, le son, encodé en dolby SR pour réduction de bruit, devait être correctement décodé et à ce titre, la bande master était porteuse d'un pink noise dolby, ou dolby noise, et d'un dolby tone pour identification, et encore une fois alignement des lecteurs, et de la diffusion.
Aucun master ne serait sorti d'un audi sans ces signaux de référence.
Où sont ils passés aujourd'hui?
Enfin, pour garantir une reproduction fidèle, la calibration des audis, comme des salles de diffusion se faisait à partir des dolby refs, en plusieurs étapes:
- réglage du niveau électrique de travail avec le 1000hz
- réglage de la réponse en fréquence du système dans une abaque (courbes ISO)
- puis réglage de la pression acoustique, POUR ce niveau électrique, POUR cette courbe de réponse du système, DANS un lieu répondant à un cahier des charges stricte en matière de taille, d'équipement, etc… qui s'est affiné dans le temps, avec des labels de certification, et extension du principe en plus exigeant (THX par exemple)
A ce moment là, on pouvait "espérer" retrouver un son cohérent au long du process de travail.
Il faut rappeler que la première démarche des consultants Dolby ou DTS arrivant dans un audi pour un encodage est de procéder à une vérification, et éventuelle correction de la réponse du système du studio, et de la pression acoustique. Encore aujourd'hui, bien qu'en numérique et en fichiers….
Je pense que la volonté d'appliquer cela à la post-production actuelle peut avoir du sens si un certain nombre de critères sont établis et respectés.
Il faudrait renouer avec la nécessité de transporter un signal de référence qui indique effectivement à quel niveau on travaille, du tournage à la finition.
Il faudrait rétablir un cahier des charges minimum des conditions d'écoute, de calibration et de mesure pour que cette démarche ait un sens; on le voit bien, les sources de bruit roses sont TRES variables, la nature des enceintes acoustiques et leur environnement sont TRES variables; à partir de là, le résultat de ces mesures est privé de tout sens. Dire j'ai mixé à 79 comme prescrit par la CST ne veut plus dire grand-chose…
Au MINIMUM respecter cette consigne:
http://tech.ebu.ch/docs/tech/tech3276s1.pdf
Etablir ou rappeler quel est le signal étalon de référence, (un bruit rose généré par un appareil Dolby fabriqué à -20dB Fs), le niveau de travail électrique (-18dBFs pour la post production vidéo non cinéma), la courbe de réponse (ISO X pour un audi de taille appropriée) préconisée pour le travail et la mesure, la méthode à mettre en œuvre pour la calibration( appareil de mesure), faire en sorte que ces signaux soient conservés tout au long de la chaine de fabrication jusqu'au PAD, afin qu'une vérification (en théorie à 74dB spl, en pratique à 66dB spl pour FTV) se fasse dans les mêmes conditions qu'au mixage, et que via ces signaux, en cas de litige sur les valeurs loudness, le niveau de dialogue, ou l'intelligibilité, le doute ne soit pas permis.
Proposer, puisque le son est devenu fichier, un bruit rose de référence, issu d'une source de référence (DMU, ou autre source Dolby approuvée) sous forme d'un fichier , en ligne, accessible à tous.
[-o< En espérant qu'il reste une part de possibilité d'assouplir un minimum la R128 pour que le film et la fiction retrouve un peu de vie (on parle de revenir sur une valeur cible -24dBLU!), après tout, le principe était bien de proposer des programmes avec des plages de dynamique étendues, appropriées à la nature du programme, dans le meilleur format et la meilleure qualité possible.
On est plutôt à contre courant de ce principe, en ne devant fournir la plupart du temps que la version stéréo bien compressée du mixage, alors que, tel que présenté, le procédé loudness, associé aux codages Dolby E et AC3 devait permettre la retransmission d'un programme "au top" accompagné de métadata appropriées qui permettent la réduction de format et de dynamique selon le système du client.
Là c'est tout le contraire, programme stéréo bien compressé, qui sera tristement upmixé chez le téléspectateur…
On pourrait aussi, comme sur la TSR de nos voisins Suisses, avoir un peu de respect pour le spectateur, et appliquer avec intelligence la normalisation loudness: chez eux, à partir de 20h30, à l'heure où l'on peut voir du cinéma, de la fiction, des ouvres musicales à la télévision, plus de R128, une juste évaluation de l'adéquation entre le programme, la dynamique proposée, et les contraintes de la diffusion et de la réception, entre personnes professionnelles, intelligentes et responsables…
je ne peux que réagir TRES favorablement à la perspective d'une valeur cible -24LU, tout autant que la valeur crête de -3 true peak, que la plage de dynamique des dialogues +/-7 dBLU relatifs à la valeur cible et que 20dBLU de LRA soient maintenus.
Cela permettrait un mixage des fictions avec un peu plus de finesse artistique, plutôt que de se sentir en permanence proche du max. J'ajoute que selon la nature du projet (en fiction ) la plage +/-7 dBLU devrait pouvoir être adaptable: certains films ne "crient" jamais, on n'exploite donc pas la partie haute, en visant le -23 final. Inversement "pareil" pour des films ou on ne chuchote jamais… Il faudrait dans une moindre mesure pouvoir faire glisser cette fenêtre de +/-7 dBLU sans nécessairement la centrer sur la valeur cible, en bonne intelligence avec le projet…
Je ne parle là que de la fiction , pour laquelle je me sens quand même contraint.
Mais j'ai également observé que depuis le loudness, cela m'a obligé à d'avantage compresser les paroles même sur des programmes de flux, ce qui me semble contraire au principe annoncé…
Et pourtant, je pense que nous mixions "correctement" ces programmes, intelligibles et aérés.
La toute première définition du loudness en dialogue intelligence était étonnamment proche de la manière dont nous mixions les fictions en audi
(avant écrêtage pour PAD -9dBFs) avec une valeur cible de -27LKFs, en gros 14dB de range sur les dialogues, 24 dB de range sur le mix, et des crêtes instantanées à -1dBFs. L'étau s'est bien resserré depuis, avec passage à -25LK, descente à -3dBTP, puis autre méthode de mesure que dialogue intelligence et cible à -23LU en R128, accompagné d'une nécessaire (et salvatrice pour nos oreilles!
) baisse de la valeur recommandée du niveau d'écoute en audi.
Globalement, je ressens au travers du loudness une sensation de densité que je ne pratiquais pas, et peu agréable. D’où effectivement des niveaux d'écoute de travail considérablement baissés…
Mais dans des audis bien calibrés, tout ira pour le mieux, dans le meilleur des mondes, à -24!
J.