Salut athanor, je place ici aussi mon compte-rendu sur le HD-P2 :
Je ne vais pas vous refaire la liste de ses possibilités et caractéristiques techniques que vous trouverez à ce lien :
http://www.tascam.de/fr/hd-p2.html#specs
Je n’ai pour l’instant enregistré qu’une pièce de théâtre (1h 45) et quelques dialogues et ambiances pour un court métrage. Je livre ici mes premiers constats.
La prise en main et l’accessibilité :
Premier point très agréable : le poids. Environ 1,2Kg sans les batteries. Les forçats du Nagra vont être agréablement surpris.
Un certain nombre d’utilisateurs ont décrié le coté « plastique » des appareils genre Fostex FR2 ou du Tascam. Personnellement je ne trouve pas qu’ils fassent «camelote » et bien au contraire, si cela aide à une réduction du poids, alors bravo !
L’appareil est livré dans une sacoche avec bandoulière. Celle-ci est bien conçue avec un rabat supérieur entièrement amovible par 5 boutons pressions. Bonne protection s’il pleut, mais plus aucun réglage accessible, ni les vumètres visibles, donc inutilisable pendant la prise. Attention aussi à la position de l’enregistreur sur le corps : placé trop latéralement, on a du mal à voir les commandes placées sur le grand coté de l’appareil.
A signaler un fourreau coulissant rembourré sur la bandoulière permettant de soulager le cou ou l’épaule sur laquelle celle-ci repose. C’est très efficace (j’ai parfaitement supporté deux heures de suspension continue au cou lors d’une prise de pièce de théâtre), lorsque le fourreau tient en place, ce qui est rarement le cas lors de mouvements. Il faudra sans doute rajouter un peu de velcro.
Les cotés de la housse sont amovibles plus ou moins partiellement permettant d’y rentrer les connecteurs XLR Micros ou lignes, le jack casque et l’alimentation ou le TC éventuels.
A part les boutons « primaires » comme REW, FFWD, STOP, PLAY PAUSE Et REC et les réglages des niveaux d’enregistrement, le reste des commandes est très petit et ne pourra donc pas être manœuvré avec des gants. La prise de son en plein hiver va s’avérer douloureuse ! Mais c’est là le lot de la plupart des enregistreurs portables, surtout avec la miniaturisation accrue de nos jours.
L’accès aux menus se fait par trois touches : MENU, SELECT, ET CANCEL (Entrée dans le menu, OK et Annuler) et la navigation dans les items au moyen de la molette de Shuttle. C’est moyennement pratique.
Par contre il faut signaler une excellente idée : la prise KEYBOARD (Mini-DIN = clavier PS2) à l’arrière gauche qui permet d’effectuer toutes les fonctions principales et de menus au moyen de ce dernier.
C’est particulièrement agréable pour nommer (ou renommer car l’appareil propose une incrémentation automatique) les prises. Sinon cela se fait en se baladant dans un tableau de caractères avec la molette. Pas particulièrement rapide…
Ce clavier permet donc une utilisation extrêmement conviviale et pratique dans le cas d’une prise de son posée sur une table comme dans des scènes d’intérieur de fiction ou l’ingé son peut se faire son petit coin. Bien évidemment il en est tout autrement lors de l’utilisation en portable
Alimentation et autonomie :
Plusieurs sources d’alimentation possibles :
- L’adaptateur secteur 12V, livré avec. Un point non négligeable : l’appareil n’étant à l’origine conçu que pour des piles interne cet adaptateur ne permet pas la recharge de batterie interne. C’est une logique de fabricant japonais audio semi-pro et grand public et non de caméscopes (plus gourmant les obligeant à prendre en compte une consommation d’énergie forcément plus élevée)
- L’entrée Firewire 6 broches intégré. C’est pratique quand on veut connecter vite fait sur un PC de Bureau sans avoir à déballer l’adaptateur secteur. Mais ca ne marche pas avec les portables qui ne délivrent pas d’alimentation (4 broches)
- Les piles ou batteries internes.
L’autonomie n’est hélas pas le point fort de l’appareil. Tascam annonce 5 heures. Je ne vois pas bien comment ils obtiennent cela. En tout état de cause cela doit être avec l’illumination du LCD en permanence sur OFF et sans alimentation fantôme.
Comme les vumètres sont intégrés dans le LCD, que celui-ci est à peine lisible sans illumination, à moins d’un éclairage assez fort (qu’on n’aura qu’en extérieur, je pense) et que la qualité de cette appareil le destine à être utilisé avec des statiques, les estimations de Tascam sont hautement optimistes.
Avec des piles neuves alcalines, 3 heures me paraît un grand grand maximum. C’est assez dommage pour un appareil qui ne possède plus aucun moteur électrique.
Pour limiter les coûts, j’utilise personnellement des batteries au format AA rechargeable de 2500 mA/H sans avoir jamais dépassé les 2 heures, sachant que leurs capacité sont toujours inférieures aux piles non rechargeables.
Qualité de prise de son :
Sans avoir fait de mesures précise, j’estime le rapport S/B de l’entrée micro entre 70 et 76 dB en non-pondéré. (Volume d’enregistrement calé sur 8, ce qui correspond en général à la prise d’un dialogue à la perche)
Avec des micros statiques possédant un préampli de bonne qualité genre Schoeps CMC6/MKxx , Neumann KMR181 ou KMxxx, Sehnneiser K6/ME64 ou 66 ou AKG C451/CK1, on n’aura donc pas de problème de souffle, ce qui m’a été confirmé par la qualité des enregistrements que j’ai effectué avec des Schoeps : le bruit de fond acoustique masquait largement le souffle électronique.
Par contre je ne suis pas du tout sûr qu’avec des micros dynamiques le résultat soit aussi bon.
De même je n’ai pas estimé la qualité sonore des préamplis micros par comparaison avec d’autres, n’ayant jusqu’ici pu enregistrer que de la parole. Toutefois le résultat de ces prises de son est très satisfaisant à l’oreille.
Entrées/sorties et possibilités :
- 2 XLR 3F pour les entrées micros avec commutation MIC/ MIC PAD (-20dB). Pas de véritable entrée ligne (+4dBm) sur ces prises, mais un atténuateur supplémentaire + la position PAD devrait y pallier sans trop de problèmes.
Sur ces entrées on peut insérer un filtre coupe-bas 100Hz -18dB/octave très efficace et qui m’a été bien utile en captation théâtre ou dialogues. Et un limiteur dont l’efficacité semble un peu limitée : même ave un temps de montée annocé de 25 microsecondes j’ai quand même eu de brèves saturations sur des transitoires violents (3 coups de théâtre, applaudissements…). Par contre je n’ai pas du tout entendu de pompage, ceci expliquant sans doute cela.
Malheureusement il n’existe pas de conversion MS que l’on ne pourra donc effectuer qu’avec une mixette externe pour contrôler la prise de son de ce type
- 4 Cinch LINE IN et LINE OUT permettant la connexion avec des chaines HI-FI ou du matériel au standard -10dB (le grand cheval de bataille de TASCAM dans les années 80, ils en sont revenus depuis…)
- 2 cinch Entrée et sortie SPDIF, permettant d’utiliser des préamplis et des convertisseurs extérieurs (dans mon cas DBX 386, pas encore testé) ou de recopier sur un PC si on n’a pas de prise Firewire ou de lecteur de carte Compact Flash.
- 1 Jack 6.35 Sortie casque : (prévoir éventuellement un adaptateur pour les casques en 3.5mm). Aucun problème de niveau ni de souffle dans cette sortie. On peut sélectionner dans le menus en interne ce que l’on veut écouter : mono mixée, gauche ou droite, stéréo, ou suivre le mode d’enregistrement (le plus commode)
- 1 BNC Entrée WordClock et Vidéo REF. Excellent idée qui permettra de relier le HD-P2 en numérique à une console ou de le synchroniser avec une vidéo.
- 1 XLR3F Entrée Time Code. Ceci permet d’asservir le HD-P2 à une source vidéo extérieure et de le faire suivre en lecture. En enregistrement on peut inscrire le Time de la caméra sur le fichier. Il y a un jeu d’options assez complet, que je n’ai pas pu encore tester.
D’une façon générale un grand nombre de possibilités et de choix se font par le menu, ce qui n’est pas toujours pratique (il faut se rappeler où). Mais ces options sont enregistrables dans le format du projet et même comme un « template » ce qui permet de les rappeler lorsqu’on démarre un nouveau projet.
Une exception importante : un certain nombre de fonction liées directement à l’analogique et qui sont commandées en général par les commutateurs situées sur le dessus de l’appareil. Sélection Line/Mic , micro interne/externe, Alimentation fantôme, Filtre coupe-bas, atténuateurs (PAD) -20dB, limiteur et son option Link.
Ce qui fait que quand on veut sélectionner une entrée, on va tantôt sur la face avant (micro interne ou externe ou ligne) ou bien dans le menu (SPDIF). Ce n’est pas toujours très cohérent et commode. A quand la totalité des sélections dans le menu, avec les plus important doublées sur la face avant par des poussoirs ? Par exemple le choix enregistrement Mono (1 micro) ou stereo (2 micros) manque cruellement en façade, car on peut avoir à passer rapidement de l’un à l’autre en prose de son cinéma.
L’écran LCD
Il est bien petit, hélas cet écran, mais assez complet, avec entre autres un indicateur du temps d’enregistrement restant sur la carte, du nom du projet et de la prise, ce qui évitera un certains nombre de déboires.
On peut regretter que le vumètre en soit partie intégrante, ce qui oblige à l’illuminer en permanence lors d’une prise de son dans l’obscurité (spectacle) dégradant ainsi pas mal l’autonomie. A part cela, bien que petit, le VU reste lisible, c’est juste une question d’habitude.
Connexion PC et fichiers :
Elle peut se faire de deux façons, de rapidité sensiblement identique :
1 - Extraire la carte Compact Flash. Selon Tascam, il faut avoir « unmounted » le media auparavant si on veut éviter une corruption des données. Je l’ai quand même extraite une fois sans cela et sans toutefois rencontrer ce problème. Mais j’ai peut-être eu de la chance…
Introduire ensuite la carte dans un lecteur compact Flash connecté à un PC, et là c’est magique ! Il la reconnaît un peu comme une clé USB et on y retrouve dans le répertoire portant le nom du projet, toutes ses prises (une par fichier).
2 – Connecter le Tascam à un PC par le câble Firewire. Ceci a pour effet de faire apparaître un lecteur de disque supplémentaire sur le PC, considéré comme vide toutefois (en cliquant dessus on reçoit un message « insérer un disque dans le lecteur « X »).
Retourner dans le menu principal du HD-P2 et sélectionner l’item « Firewire Dock » qui y est maintenant accessible. Un message «
Docked ! Do Not Disconnect Firewire » apparaît sur l’écran de l’appareil. Revenir au PC et comme au paragraphe précédent on retrouve tous ces fichiers.
Il n’y a plus qu’à recopier ce qu’on désire sur le PC : environ 8 minutes pour 1h50m stéréo 24 bits 48 KHz soient environ 1,8 Go.
Pour déconnecter le HD-P2 du PC, vous devez obligatoirement « éjecter » le disque sur le PC. Ne pas le faire peut entraîner des problèmes selon Tascam : «
Lorsque le HD-P2 est connecté vous ne devez pas essayer de retirer ou de changer la carte CF. Vous risquez de corrompre les données sur celle-ci ». Ce n’est pas très sécurisant et ca sent un peu le bricolage logiciel. Qu’est ce qui passe si par exemple le PC plante dans ce mode ?
Mais globalement, quand on a connu le transfert de la cassette DAT en temps réel, c’est quand même un fameux progrès !
Il est à noter que ces fichiers sur la carte compact flash sont au format wave broadcast avec un système de fichier FAT16. L’appareil est capable d’enregistrer dans tous les formats depuis 16 bit 44.1KHz jusqu’à 24 bit 192 KHz (!).
Grosso modo, il faut compter 1 heure par Go lors d’un enregistrement 48K Hz & 24 bit et 1 heure 30 par Go en 44 KHz & 16 bit. Le calcul est facile à faire : il suffit d’introduire une carte vide dans l’appareil, pour voir immédiatement sur la face avant la capacité totale restante.
En conclusion :
C’est un appareil très satisfaisant qui fera le bonheur de nombreux utilisateurs « semi-pro ». Seul réel point noir : l'autonomie.
Il n’a sans doute pas toutes les caractéristiques requises pour de la prise de son en conditions extrêmes de tournage cinéma professionnel, mais ses qualités et ses possibilités le mettent largement dans la même catégorie que l’enregistreur DAT portable DAP1 proposé jusque là par Tascam
Prix généralement constaté entre 1100€ et 1300€ TTC (les sites web allemands sont les moins chers)