PVDD
Publié : 30 mai 2007, 00:06
Je ne me suis pas encore présenté et je me rends compte que c’est vite fait de se faire une fausse idée du participant à un forum si on ne dispose pas d’un minimum d’indices.
Je pourrais me camoufler derrière une présentation pleine de second degré, user d’humour ou de dérision mais à quoi bon se cacher si on veut être vrai ?
D’autant que si j’ai quelque chose à apporter dans un forum c’est mon expérience. Et donc de vous raconter d’où je viens vous permettra probablement de mettre une valeur au temps que je vous consacre.
Fils de fleuriste, petit fils d’un plombier auvergnat et d’un jardinier flamand, je suis belge de naissance (1958). Un oncle chimiste m’a appris à développer des photos et c’est lui qui a mis en marche un mécanisme infernal en m’offrant un fer à souder et une boîte d’expérimentation de circuits électroniques à 12 ans. A cette époque, je lisais le dictionnaire, je voulais être inventeur et aussi pâtissier. J’adorais la poésie. Je voulais aussi devenir écrivain. J’étais amoureux des mots.
Le collège classique (Latin) ne me convenait pas beaucoup : j’étudiais le fonctionnement de la lampe triode au lieu d‘étudier « Rosa, rosa, rosam, rosarum, rosis…).
Une fois rentré à la maison, je construisais une radio avec un cristal de galène, une plaque de mica entre deux morceaux de pomme de terre: je l’avais lu dans le journal « Tintin ».
Et aussi j’avais construit une antenne qui me permettait de capter l’émetteur de Lille sur une TV noir et blanc que j’avais réparée. J’avais aussi réparé un enregistreur Telefunken à bandes. J’ai essayé de connecter mon antenne à l’entrée micro et ensuite de relire la bande en branchant la sortie ligne de l’enregistreur à l’entrée antenne de ma TV mais je n’arrivais pas à relire l’émission…
Après quelques échecs cuisants à cause des maths et des langues, mes parents ont décidé de m’inscrire dans une école technique, et de me mettre au pensionnat pour m’éloigner de mes distractions.
J’étais inscrit en section électromécanique.
14 heures d’atelier.
Ajustage, machines outil (tour, étau limeur, fraiseuse..).
Des cours techniques.
Et au bout du compte des maths et des langues un cran plus haut que le collège…
Je me rends compte alors qu’en fait je suis fait pour apprendre par moi-même et que mon prof d’électronique en connaît moins que moi qui ai envie d’aller plus vite que le programme.
Alors pour tromper mon ennui je me passionne pour la littérature, la philosophie, l’écriture.
Un de mes professeurs a eu Salvatore Adamo comme élève et il me motive pour développer l’écriture. Je passe mon temps à la bibliothèque et je rédige les critiques des nouveaux livres.
Mes études se passent en section électricité.
Haute-tension, moteurs, alternateurs. Je fais un stage chez Schindler et un travail de fin d’études sur un ascenseur avec mise à niveau automatique.
Je ne sais pas si je poursuivrai mes études. Ou alors peut-être en philosophie ?
Le week-end, je passe mes soirées chez un copain sociologue. On refait le monde. Dans les remous de mai 68 (il y a eu des vagues pendant une grosse partie des années 70), il convient de s’engager dans un projet de société. Mon copain travaille pour un syndicat. On analyse les mécanismes de la société. On cherche comment changer les choses. Il y a pas mal d’utopies qui traînent…
Un concours de circonstances m’a amené à graviter autour du tournage d’un film de politique/fiction, une œuvre de commande réalisée par Paul Meyer. Mon copain sociologue avait été contacté pour travailler comme régisseur sur ce film. Il a parlé de moi et ils m’ont fait un contrat d’emploi en tant qu’électro. Je devais être parmi les plus jeunes de l’équipe. J’ai très rapidement découvert comment on faisait un film. Et, comme tout gravitait autour de l’image : surtout ce qui concerne la caméra, les focales, le mouvement, la lumière…Le tournage avait lieu pendant les vacances de Pâques. Je terminais des études d’électricien.
Quand j’ai reçu mon salaire, je suis immédiatement allé acheter une caméra super 8.
Un prof d'une autre section a entendu parler de ma participation au film de Paul Meyer, dont il admirait le travail. Il a voulu me rencontrer et m’a parlé de son désir de réaliser un film. Je lui ai parlé de ma caméra, de mon désir de faire de l’image.
Nous avons fait plusieurs films courts, de fiction, ensemble, qui ont pour la plupart remporté des prix pour le cadre, la lumière, la créativité, dans les festivals de cinéma amateur qui étaient organisés à l’époque. Encouragé ! Une passion naissait…
Quand il a été question pour moi de continuer des études, j’ai choisi le son car je craignais de m’ennuyer en section image. Mon esprit indépendant et autodidacte m’a amené à m’inscrire en section « son » à l’IAD. Dans une branche où je ne connaissais rien, ce qui a étonné ceux qui m’avaient vu tenir une caméra, cadrer, éclairer un plan. Puis j’ai été pris au piège : le son est devenu mon métier et reste toujours une passion.
Tout cela pour dire que pour moi le son et l’image parlent à des sens qui se rejoignent.
Depuis 1981, j’ai travaillé dans la plupart des secteurs du son.
10 mois de service militaire à la télévision de l’armée : manœuvres, promenades en hélico, sur des blindés. Mixage. Un an à la radio au montage des reportages (aux ciseaux dans la bande magnétique) et puis le direct, les journaux parlés. Un peu de télévision. J’achète un Nagra 4.S et je me lance comme indépendant. J’ai déjà 2 garçons. Faut bosser. A l'époque je travaille surtout en film.
Les tournages de pub m’intéressent car il faut garantir un résultat. J’en ai fait plus de 1300… Je constitue une sonothèque. Des centaines d’heures de prise de son, d’autres centaines d’heures à trier un millier de bandes. Tout répertorier… j’achète le logiciel de classement à Los Angeles et on me présente à un gars qui fait « le même métier que moi » : le Sound Designer de Walt Disney… Il faut dire que je venais de terminer « Taxandria » un long métrage d’animation dont j’ai réalisé la bande son. Scénario d’Alain Robbe-Grillet. Un film de Raoul Servais.
Je travaille aussi sur des clip, des making-of d’albums (Vaya Con Dios qui va enregistrer à « Muscle Shoals Sound » et à Memphis). Je travaille avec Aerosmith, Barry White, Roy Orbison, Marylin Manson…
J’ai commencé à donner des cours en 1982. D’abord à l’Académie des Beaux-Arts de Charleroi, puis à l’IAD. Depuis peu, au conservatoire Royal de Mons en section composition et à l’école supérieure d’Art de Cambrai : un séminaire d’une semaine sur les relations son/image.
Et puis il y a une quantité de films documentaires, de fiction, de téléfilms, de courts, longs métrages.
Des prises de son de musique classique (7 CD commercialisés).
Une collection de Nagra (tous mes Telefunken ont été détruits lors de l’incendie de ma maison en 1990).
Mais si je ne rêve plus de devenir pâtissier, j’ai une passion pour la cuisine. J’ai suivi des cours avec un Chef pendant 2 ans (une vingtaine de cours) et puis j’ai fait un stage de Cuisine Bourguignonne à Beaune, dans une école hôtelière. J'ai une cave à vins honnête de 3 à 400 bouteilles de grands crus.
Mais si il fallait mettre une de mes passions en avant c’est celle pour l’image. J’ai 3 Leica et il se passe fort peu de journées sans que je n’essaye d’attraper « la » photo qui raconte une histoire.
Finalement, une vie ça passe vite quand on vit sa passion. Mais pour moi, je ne sais pas bien laquelle.
J’ajouterai juste une petite chose. On fait un métier formidable mais c’est aussi un métier très difficile.
Les problèmes de « niveau » d’études, de « niveau » des débats, du « niveau » de qualité : ça doit rester un problème personnel. Si on garde une dynamique positive, le niveau monte forcément. Je suis un optimiste et je sais que le mécanisme de la créativité c’est une chose qui se passe à l’intérieur de la tête, avec une petite voix qui dit quand c’est bien ou quand c’est mauvais. Savoir écouter cette voix c’est bien mieux que l’avis des copains ou les critiques du public. Et quand ça va, c’est rien si c’est le même plat de vache enragée plusieurs jours de suite. On vit. Une des valeurs les plus précieuses qu’on puisse partager c’est le temps. Tout le monde en reçoit en naissant mais personne ne sait de combien de temps sera faite sa vie. Alors, donner de son temps pour aider un gars qui se pose des questions, pour expliquer un problème, c’est de la vie qu’on partage. Les plus radins se contenteront des trois ou quatre demi-mots. Mais ceux qui posent leur micro pour donner 5, 10, 20 minutes de leur temps pour dépanner celui qui partage la même passion, c’est de l’or qui s’écrit.
J’espère que mon long discours pourra encourager les créateurs et tous les acteurs de ce forum à continuer dans une voie positive.
Longue vie à tous les passionnés car 24 heures, c'est peu pour une belle journée.
Philippe Vandendriessche
Je pourrais me camoufler derrière une présentation pleine de second degré, user d’humour ou de dérision mais à quoi bon se cacher si on veut être vrai ?
D’autant que si j’ai quelque chose à apporter dans un forum c’est mon expérience. Et donc de vous raconter d’où je viens vous permettra probablement de mettre une valeur au temps que je vous consacre.
Fils de fleuriste, petit fils d’un plombier auvergnat et d’un jardinier flamand, je suis belge de naissance (1958). Un oncle chimiste m’a appris à développer des photos et c’est lui qui a mis en marche un mécanisme infernal en m’offrant un fer à souder et une boîte d’expérimentation de circuits électroniques à 12 ans. A cette époque, je lisais le dictionnaire, je voulais être inventeur et aussi pâtissier. J’adorais la poésie. Je voulais aussi devenir écrivain. J’étais amoureux des mots.
Le collège classique (Latin) ne me convenait pas beaucoup : j’étudiais le fonctionnement de la lampe triode au lieu d‘étudier « Rosa, rosa, rosam, rosarum, rosis…).
Une fois rentré à la maison, je construisais une radio avec un cristal de galène, une plaque de mica entre deux morceaux de pomme de terre: je l’avais lu dans le journal « Tintin ».
Et aussi j’avais construit une antenne qui me permettait de capter l’émetteur de Lille sur une TV noir et blanc que j’avais réparée. J’avais aussi réparé un enregistreur Telefunken à bandes. J’ai essayé de connecter mon antenne à l’entrée micro et ensuite de relire la bande en branchant la sortie ligne de l’enregistreur à l’entrée antenne de ma TV mais je n’arrivais pas à relire l’émission…
Après quelques échecs cuisants à cause des maths et des langues, mes parents ont décidé de m’inscrire dans une école technique, et de me mettre au pensionnat pour m’éloigner de mes distractions.
J’étais inscrit en section électromécanique.
14 heures d’atelier.
Ajustage, machines outil (tour, étau limeur, fraiseuse..).
Des cours techniques.
Et au bout du compte des maths et des langues un cran plus haut que le collège…
Je me rends compte alors qu’en fait je suis fait pour apprendre par moi-même et que mon prof d’électronique en connaît moins que moi qui ai envie d’aller plus vite que le programme.
Alors pour tromper mon ennui je me passionne pour la littérature, la philosophie, l’écriture.
Un de mes professeurs a eu Salvatore Adamo comme élève et il me motive pour développer l’écriture. Je passe mon temps à la bibliothèque et je rédige les critiques des nouveaux livres.
Mes études se passent en section électricité.
Haute-tension, moteurs, alternateurs. Je fais un stage chez Schindler et un travail de fin d’études sur un ascenseur avec mise à niveau automatique.
Je ne sais pas si je poursuivrai mes études. Ou alors peut-être en philosophie ?
Le week-end, je passe mes soirées chez un copain sociologue. On refait le monde. Dans les remous de mai 68 (il y a eu des vagues pendant une grosse partie des années 70), il convient de s’engager dans un projet de société. Mon copain travaille pour un syndicat. On analyse les mécanismes de la société. On cherche comment changer les choses. Il y a pas mal d’utopies qui traînent…
Un concours de circonstances m’a amené à graviter autour du tournage d’un film de politique/fiction, une œuvre de commande réalisée par Paul Meyer. Mon copain sociologue avait été contacté pour travailler comme régisseur sur ce film. Il a parlé de moi et ils m’ont fait un contrat d’emploi en tant qu’électro. Je devais être parmi les plus jeunes de l’équipe. J’ai très rapidement découvert comment on faisait un film. Et, comme tout gravitait autour de l’image : surtout ce qui concerne la caméra, les focales, le mouvement, la lumière…Le tournage avait lieu pendant les vacances de Pâques. Je terminais des études d’électricien.
Quand j’ai reçu mon salaire, je suis immédiatement allé acheter une caméra super 8.
Un prof d'une autre section a entendu parler de ma participation au film de Paul Meyer, dont il admirait le travail. Il a voulu me rencontrer et m’a parlé de son désir de réaliser un film. Je lui ai parlé de ma caméra, de mon désir de faire de l’image.
Nous avons fait plusieurs films courts, de fiction, ensemble, qui ont pour la plupart remporté des prix pour le cadre, la lumière, la créativité, dans les festivals de cinéma amateur qui étaient organisés à l’époque. Encouragé ! Une passion naissait…
Quand il a été question pour moi de continuer des études, j’ai choisi le son car je craignais de m’ennuyer en section image. Mon esprit indépendant et autodidacte m’a amené à m’inscrire en section « son » à l’IAD. Dans une branche où je ne connaissais rien, ce qui a étonné ceux qui m’avaient vu tenir une caméra, cadrer, éclairer un plan. Puis j’ai été pris au piège : le son est devenu mon métier et reste toujours une passion.
Tout cela pour dire que pour moi le son et l’image parlent à des sens qui se rejoignent.
Depuis 1981, j’ai travaillé dans la plupart des secteurs du son.
10 mois de service militaire à la télévision de l’armée : manœuvres, promenades en hélico, sur des blindés. Mixage. Un an à la radio au montage des reportages (aux ciseaux dans la bande magnétique) et puis le direct, les journaux parlés. Un peu de télévision. J’achète un Nagra 4.S et je me lance comme indépendant. J’ai déjà 2 garçons. Faut bosser. A l'époque je travaille surtout en film.
Les tournages de pub m’intéressent car il faut garantir un résultat. J’en ai fait plus de 1300… Je constitue une sonothèque. Des centaines d’heures de prise de son, d’autres centaines d’heures à trier un millier de bandes. Tout répertorier… j’achète le logiciel de classement à Los Angeles et on me présente à un gars qui fait « le même métier que moi » : le Sound Designer de Walt Disney… Il faut dire que je venais de terminer « Taxandria » un long métrage d’animation dont j’ai réalisé la bande son. Scénario d’Alain Robbe-Grillet. Un film de Raoul Servais.
Je travaille aussi sur des clip, des making-of d’albums (Vaya Con Dios qui va enregistrer à « Muscle Shoals Sound » et à Memphis). Je travaille avec Aerosmith, Barry White, Roy Orbison, Marylin Manson…
J’ai commencé à donner des cours en 1982. D’abord à l’Académie des Beaux-Arts de Charleroi, puis à l’IAD. Depuis peu, au conservatoire Royal de Mons en section composition et à l’école supérieure d’Art de Cambrai : un séminaire d’une semaine sur les relations son/image.
Et puis il y a une quantité de films documentaires, de fiction, de téléfilms, de courts, longs métrages.
Des prises de son de musique classique (7 CD commercialisés).
Une collection de Nagra (tous mes Telefunken ont été détruits lors de l’incendie de ma maison en 1990).
Mais si je ne rêve plus de devenir pâtissier, j’ai une passion pour la cuisine. J’ai suivi des cours avec un Chef pendant 2 ans (une vingtaine de cours) et puis j’ai fait un stage de Cuisine Bourguignonne à Beaune, dans une école hôtelière. J'ai une cave à vins honnête de 3 à 400 bouteilles de grands crus.
Mais si il fallait mettre une de mes passions en avant c’est celle pour l’image. J’ai 3 Leica et il se passe fort peu de journées sans que je n’essaye d’attraper « la » photo qui raconte une histoire.
Finalement, une vie ça passe vite quand on vit sa passion. Mais pour moi, je ne sais pas bien laquelle.
J’ajouterai juste une petite chose. On fait un métier formidable mais c’est aussi un métier très difficile.
Les problèmes de « niveau » d’études, de « niveau » des débats, du « niveau » de qualité : ça doit rester un problème personnel. Si on garde une dynamique positive, le niveau monte forcément. Je suis un optimiste et je sais que le mécanisme de la créativité c’est une chose qui se passe à l’intérieur de la tête, avec une petite voix qui dit quand c’est bien ou quand c’est mauvais. Savoir écouter cette voix c’est bien mieux que l’avis des copains ou les critiques du public. Et quand ça va, c’est rien si c’est le même plat de vache enragée plusieurs jours de suite. On vit. Une des valeurs les plus précieuses qu’on puisse partager c’est le temps. Tout le monde en reçoit en naissant mais personne ne sait de combien de temps sera faite sa vie. Alors, donner de son temps pour aider un gars qui se pose des questions, pour expliquer un problème, c’est de la vie qu’on partage. Les plus radins se contenteront des trois ou quatre demi-mots. Mais ceux qui posent leur micro pour donner 5, 10, 20 minutes de leur temps pour dépanner celui qui partage la même passion, c’est de l’or qui s’écrit.
J’espère que mon long discours pourra encourager les créateurs et tous les acteurs de ce forum à continuer dans une voie positive.
Longue vie à tous les passionnés car 24 heures, c'est peu pour une belle journée.
Philippe Vandendriessche