Bonjour,
Fikus a écrit :
Bonjour,
je ne peux qu'être d'accord avec les arguments apportés, je trouve cependant que placer cela dans un rapport monteur/mixeur est un peu réducteur. Il a des monteurs qui dosent le nettoyage des bruits de bouche avec précaution. Il y a des mixeurs qui n'entendent pas les clics. Il y a des monteurs qui savent remplacer les sifflantes par un double (juste sur le s ou le ch) et c'est techniquement parfait, laissant le jeu intact. Il y a des mixeurs qui bourrinent avec un deesseur et massacrent le son. Il y a des monteurs qui écoutent les séquences en séance de détection pour anticiper le travail à faire ensuite en fonction de l'écoute en audi. Il y a des mixeurs qui laissent tout passer et qui font regretter de ne pas avoir viré des pistes sales. Il y a des monteurs qui posent plein de questions au mixeur pour savoir ce qu'il veut comme intervention sur tel ou tel type de son. Il y a des mixeurs qui répondent à peine. Il y a des monteurs qui hallucinent quand ils entendent le son du denoiser du mixeur, mais c'est parfois dans le bon sens, parfois un cauchemar. Et sur les niveaux, il faut savoir si on parle de mettre -6 sur un HF ultrafort, histoire de rééquilibrer un peu, de rattraper un mouvement de potard malheureux du preneur de son, ou de réellement mixer... (parce que c'est sûr que mixer en salle de montage...)
Alors c'est sûr, quand on bosse pour un prémix fait par quelqu'un qu'on connait ou qui bosse bien, on y va en confiance, on sait jusqu'où aller, on connait ses propres limites... Mais un bon montage des directs peut aussi sauver des prises, sauver du temps. Et c'est dur à juger! Une expérience récente m'a un peu perturbé: Séance de détection avec les directs presque finis de montés (par moi même). Horreur, je trouve que je n'ai pas vraiment assuré, et notamment que j'ai coupé les HFs comme un sauvage! Le lendemain je repasse dessus et... il se trouve que mes coupes brutales tombaient sur des scratchs/chocs inexploitables, ou sur, tout simplement, une coupe au fader au tournage... (et quand je dis inexploitable je ne parle pas de petits scritchs qui peuvent passer à la limite, je parle de trucs qui modulent plus que la parole) Résultat, une trentaine de prises réécoutées pour une seule finalement modifiée (l'erreur est humaine). Et là, je ne vois pas QUI peut juger à ma place des choix effectués sur ce point précis, à part celui qui reprend la session pour réécouter tout...
Donc oui, je suis d'accord avec l'approche prudente qu'il faut avoir quand on sabre dans le direct. Il m'arrive régulièrement, après avoir tripatouillé plein de coupes dans une prise, de réécouter l'original pour voir ce qu'on perd et ce qu'on gagne. Et parfois en audi il faut savoir reconnaitre son erreur et remettre quelque chose qu'on trouvait ignoble. Le tout est de s'en souvenir, de l'avoir gardé de côté, et de ne pas défendre bêtement son choix.
Sur le denoise et les eqs, effectivement, je ne vois pas trop ce qu'on peut faire en montage... Il m'arrive juste de virer un bruit de perche par une intervention chirurgicale (et en tendant l'oreille sur les conséquences) ou de proposer un filtre (débrayable) sur une fréquence aigu précise facile à repérer.
Mais faut aussi s'adapter aux conditions de mix (temps), aux méthodes du mixeur (je n'en ai pas croisé deux qui bossaient pareil, difficile d'anticiper si on a pas de pistes*), et à la qualité du son direct. Parce que ce dernier point aussi détermine le niveau d'intervention...
*Par exemple, certains utilisent le declicker en audi... Super! Mais quand ce n'est pas le cas, et qu'on peut améliorer des HFs grâce à ça en montage... ben au monteur de juger si les aigus en prennent pas trop dans la figure...
Tout à fait d'accord avec tout ce que tu dis. Et tu ne fais qu'apporter de l'eau à mon moulin car ce que tu décris est le travail de quelqu'un qui fait UN MÉTIER. Or la question posée était précisément" comment professionnaliser mon approche du montage des dialogues".Or comme je l'ai dit plus haut le montage des dialogues est un MÉTIER DIFFICILE.
Intervenir sur le jeu d'un acteur n'est pas seulement une question de technique mais aussi et surtout une question de RESSENTI . En conséquence il ne faut pas partir la fleur au fusil et réagir uniquement d'une façon technique à ce qu'on entend.
Je suis aussi totalement d'accord sur le fait qu'avoir travaillé ensemble (monteur/ingénieur du son ) facilite grandement les choses. Toutefois, et excusez moi de me mettre en avant, ce n'est pas mon habitude et ceux qui me connaissent le savent bien, il m'arrive d'étonner souvent les monteurs dialogues, avec qui j'ai déjà quelques films, par ce que j'arrive à faire sur les paroles avec des traitements auxquels ils n'avaient pas pensé. Ils avaient donc préparé le mixage dans une direction qui n'était pas forcément celle souhaitable.
Pourquoi ? Et bien parce qu'avec l'expérience on sait faire certaines choses que d'autres ne sauront pas faire. Certaines interventions peuvent aller à contrario de ces traitements éventuellement possibles.
Le problème de tout ceci est qu'un film est toujours un prototype et que, que ce soit au niveau du mixage proprement dit que des préparations pour celui ci, ce qui fonctionne dans un cas ne fonctionne pas forcément pour un autre.
Les paramètres sont très nombreux.
A commencer, pour ce qui nous intéresse ici, par la qualité de la prise de son sur le plateau.
Les caractéristiques de cette prise de son influent énormément sur le travail de post production:
1) Quel est structure de la prise de son :
a) perche
b) HFs
c) perche+HFs
d) HFs comme "secours" ou "partie intégrante du son"
2) Combien de pistes enregistrées ( de une à ... x )
3) Les pistes sont elles en phase
De là découlent un certain nombre de questions sur le fait de supprimer ( ou d'atténuer) ou pas certaines pistes( ou des morceaux de piste).
Par exemple :
1) Si les HFs font partie intégrante de la structure du son et que pour une raison de scratch on se trouve dans l'obligation de supprimer tout ou partie de la piste, pourra t'on compenser le manque spectral par le son de la perche sans que ça s'entende par rapport aux prises de part et d'autre?
2) Est il possible de ne remplacer que la syllabe incriminée ? Etc etc ...
La structure spectrale du son enregistré sur le plateau peut ( et va) varier lors du mixage puisqu'elle va être fonction des autres sons (ambiances, effets, bruits, musique ), on va donc éventuellement jouer sur les rapports perche/HFs ou sur différents filtres afin de "colorer" plus ou moins le son en fonction de ce que l'on désire obtenir. C'est d'ailleurs pour ça que je ne fais aucun prémixage et que tous les éléments arrivent de front sur la console.
Ma préférence va donc nettement vers un son le "moins travaillé " possible afin de ne pas passer à côté d'une possibilité de traitement.
Mais il est difficile, voire impossible, de dire "il faut que ce soit préparé comme ça ou comme ça". Le seul moyen est une collaboration étroite entre l'ingénieur du son et le monteur dialogue. Ce qui veut dire dialogue( précisément) et éventuellement rencontre devant la station de montage pour résoudre le (ou les) problème qui se présente (aucune question n'est idiote). Je ne parle ici bien sûr que du domaine que je connais le mieux c'est à dire d'un film de cinéma où, à priori, on peut avoir le temps de faire le travail que l'on souhaite ! Avec des temps plus réduits la donne est complètement changée !
Bon je vais arrêter là mes péroraisons qui ne sont peut être pas toujours très claires et de toutes façons sont incomplètes tant le sujet est complexe et mériterait quelques ateliers "in situ".
Je vais toutefois me répéter : ne donnons pas de fausses pistes à nos collègues qui ne demandent qu'à progresser dans la connaissance de nos métiers.
Amicalement.
GL