J'en reviens.
Bon, il faut le voir au cinéma. A moins d'avoir un home cinéma de ouf, ou de se le projeter dans son audit à soi. Je crains que ce pur objet de cinéma ne supporte que très mal une télédiffusion.
La bande son est extrêmement travaillée : les décors sonores grouillent d'informations, de circulation, de messages publicitaires, d'urbanité donc, mais de loin, souvent filtrés, comme entendus d'une oreille distraite ou fatiguée. Les traits d'une musique très minimaliste et atmosphérique renforcent cette sensation d'evanescence (musique signée Rep Muzäk... on dirait un gag, je parierai qu'il s'agit d'un pseudo pris par l'un des réalisateurs).
De cette brume sonore reconstituée, mixée tout en douceur, quelques sons anodins ressortent percutants, agressifs, souvent lourds de sens : vibreurs de téléphone, bip bips d'appareils éléctroniques, voix monotones de répondeurs téléphoniques. Un instant, la caméra se pose sur une flaque de pluie, on entend alors juste un peu les gouttes, juste ce qu'il y a à voir, sans autres parasites, cela dure quelques précieuses secondes.
Amoureux du son qui ne jurez que par le direct, fuyez !, ou essayez d'apprécier un cas d'école opposé. Même une bonne partie des dialogues m'a semblée refaite en post-synchro, manifestement pour le besoin des effets recherchés.
C'est assez lent, c'est beau, certainement très maniéré, mais pour la caméra, le jeu d'acteur, les dialogues, la bande son, il me semble qu'on peut parler de grand art.
Mais à la télévision, ça n'aura plus aucun sens