Une réflexion intéressante sur la zik: noise&capit
Publié : 03 mars 2010, 13:40
Ci joint, le mail qu'un pote vient de m'envoyer. J'ai pas eu le temps de tout parcourir, mais c'est alléchant. ca peut sans doute parler à certains d'entre vous.
"L'essai Noise & Capitalism, publié par un collectif de musicien-ne-s issu-e-s des musiques expérimentales, improvisées ou bâtardement rassemblées sous le terme générique de "noise", est un pavé de 200 pages traîtant du potentiel de subversion & d'émancipation de ces musiques dans le contexte néo-libéral actuel, contexte qui se nourrit de plus en plus de l'art, de la créativité individuelle et des contre-cultures pour donner un nouveau visage au capitalisme."
Assez mal traduit il faut l'avouer, mais le propos est intéressant.
J'ai mis un passage assez intéressant çi-dessous, il y a un peu plus d'extraits (et d'explications, et même la référence : http://www.grrrndzero.org/joomla1.5.5/i ... s&Itemid=9)
Si vous vous embêtez, vous pouvez aussi écouter http://www.grrrndzero.org/joomla1.5.5/i ... 20down.mp3
Big bisous,
Xav.
"Bien entendu, il est peu probable (mais pas impossible) que quelqu'un décide d'écouter ou de jouer de la musique improvisée uniquement en réalisant la valeur politique de cette musique. Et c'est une source de déception permanente de voir beaucoup de gens que je connais et considère comme politiquement intelligents être toujours incapables de s'identifier au radicalisme qui réside dans le processus d'improvisation libre. Pour beaucoup de radicaux de gauche, ce genre de musique demeure incompréhensible, ceci étant principalement dû au fait que les improvisateurs créent une musique dépourvue de tonalité conventionnelle et de rythmes familiers, volontairement désinteréssée de tout appel commercial et démagogique. Alors que pour beaucoup d'auditeurs, n'importe quel ersatz de folk-rock merdique ou même de "world music", tant qu'il contient un message politisé ou une vague allusion à un évènement politique historique, fait l'affaire. Et cela continue de fonctionner pour eux malgré le fait qu'ils soient conscients des compromis avec le capitalisme que la plupart des musiques populaires sont obligées de faire pour exister. Il semblerait qu'il ne vient pas à l'esprit de beaucoup d'idéologues de gauche que le changement dans les relations sociales devra avoir lieu dans toutes les formes d'activités humaines, musique inclue. Pendant ce temps, nombreux musiciens puisant leur inspiration dans l'improvisation s'aperçoivent que certaines facettes de leur créativité sont potentiellement exploitables par le secteur en plein essor du marché des loisirs appelé "art". Tout ceci est très décourageant pour ceux qui pensent que la musique libre improvisée peut être d'une certaine manière un véhicule ou un modèle pour le genre de société, autre que capitaliste néo-libérale, dans laquelle nous préfèrerions vivre."
"Malgré tout, avant de sombrer dans la désillusion, examinons ce qui se passe avec cette appropriation capitaliste, bien que mineure, de l'improvisation libre. Pendant des années j'ai pensé que certains des sons incroyablement discordants et la bousculade des normes auraient résisté au marketing. Alors que pour moi-même et d'autres c'est cet "autre" sonore que nous trouvons attractif, j'ai l'habitude des réactions aux musiques expérimentales et improvisées de la part de gens qui ne les considèrent pas du tout comme de la musique! Ce qui se passe aujourd'hui c'est que dans certains contextes, la dissonance et la déconstruction sont devenues des expériences tolérables. Peut-être est-ce ce à quoi Cardew faisait référence lorsque durant les années 60 & 70 il observait la bourgeoisie endimanchée lors de, par exemple, la Biennale de Venise ou les performances de la Merce Cunningham Dance Company. Ils écoutaient attentivement et applaudissaient poliment la musique de John Cage & co. "La bourgeoisie a appris à prendre ses médicaments", déclara-t-il. Qu'est-ce que l'avant-garde doit faire pour choquer aujourd'hui? Rien du tout. Comme Chris Cutler le suggère avec une conviction éclairée: l'avant-garde est morte. Beaucoup de publics ont appris à applaudir poliment à presque n'importe quelle occasion, tant qu'ils sont persuadés que leur approbation témoigne de leur bon goût; et il y a de toute façon toujours le verre ou le dîner d'après-concert à apprécier."
Edwin Prévost in "Free Improvisation in Music and Capitalism: Resisting Authority and the Cults of Scientism and Celebrity"