Page 1 sur 3
Le manque de considérations pour le son sur les tournages.
Publié : 09 mars 2011, 20:46
par pierre-naïm
Voilà, ça me trotte dans la tête depuis un moment et je ne sais pas si ce sujet a déjà était abordé auparavant, si c'est le cas je m'en excuse.
je voudrais ouvrir le débat sur le manque de considérations pour la création d'une bande sonore durant un tournage.En effet, j'ai pu entendre à maintes reprise le témoignage de pas mal de chefs-opérateurs du son qui déplore les conduites de certains, les choix des réalisateurs, le recourt systématique à la post-synchronisation pour combler des problèmes qu'il est possible d'éviter lors des tournages. Le travail devient, et j'en suis témoin actuellement dégradant et difficile pour le chef opérateur du son qui se retrouve dans la position de fournir une bande dont il a (avouons le!) carrément honte.
Alors que faire pour que les gens deviennent sensibles tous ces problèmes???
C'est un gros débat mais je suis sûr que bon nombre d'entre vous ont des témoignages qui me diront l'inverse et d'autres qui le confirmeront et d'autres qui diront ni l'un ni l'autre.
A vous les studios!!!
Re: Le manque de considérations pour le son sur les tournage
Publié : 09 mars 2011, 21:45
par Maxwyme
Je dirais que le meilleur moyen d'arriver à ses fins, c'est tout simplement de s'imposer, tu fais du son? Eh bien tu dois te faire entendre. Attention, sans pour autant être le chieur de service, qui n'hésite pas à couper une bonne prise en plein milieu sous prétexte qu'il a un coup de buzz sur une liaison HF. (j'en ai croisé des gens comme ça, ils sont les premiers à pourrir l'ambiance d'un tournage.
Le dialogue est la première arme. Avec l'assistant réalisateur surtout, mais aussi le cadreur, et les acteurs! La mise en place de capture son & vidéo doit se faire avec coordination. Si la prise n'est pas bonne ou comporte un défaut, tu dois le signaler au réalisateur et au scripte, et surtout dire pourquoi (ne pas hésiter à assumer ses responsabilités), et comment y remédier (corriger l'élocution ou le placement d'un acteur, changer un mic de position etc...)
Bref, le timide, il n'a pas sa place en tournage à mon sens, c'est souvent lui qui va sous-moduler par crainte d'aller dans le rouge et de se faire gronder, et c'est souvent lui qui va garder tous ses problèmes pour soi, et en pâtir par la suite, surtout vrai lorsque le projet est mixé par un autre technicien, qui ne manquera pas de dire que les prises de MR Timide sont toutes pourries.
Bref, convivialité, dialogue, adaptation & initiative sont les maîtres mots. (avoir du bon matos, ça peut aider aussi lol)
pour ma part j'ai la chance de travailler presque exclusivement avec des gens que je connais, mais tout ne s'est pas fait en un jour! Quant à la post-synchro, à moins qu'elle soit partie intégrante au concept du projet, je la refuse systématiquement (comme le fait de recaler une batterie en musique héhé). Le fameux "on verra ça en post-prod", fuyez-le comme la peste!
Bon après, ça arrive de se retrouver dans des projets galères avec une véritable équipe de cons n'ayant aucune considération pour ton métier. Dans ce cas-là, si la diplomatie n'aboutit pas, on assure le service minimum et on attend de rentrer chez soi... Mais très honnêtement, je crois que tu généralises un peu la situation, le chef op' son, sur un tournage, c'est très souvent un gars qui s'entend bien avec tout le monde!
Publié : 10 mars 2011, 11:00
par Greg-caravaggio
aussi éphémère puisse-t-elle être, voici une touche d'espoir: je reviens d'une rencontre avec de futurs réalisateurs pour préparer le tournage de leur produit de fin d'études.
comme de plus en plus de projets, celui-ci sera tourné à l'appareil photo : ils sont unanimes et enthousiastes en ce qui concerne la qualité de l'image tout autant qu'ils sont catastrophés par le rendu sonore qu'ils obtiennent.
quitte à devoir recourir au clap et au recalage ils tiennent à avoir un maximum de son direct et je suis content des questions très pertinentes qui m'ont été posée ce matin.
peut-être que les jeunes générations apporteront du mieux, ou est-ce juste que ceux-ci se sont rendu compte des résultats catastrophiques qu'on obtient avec du matériel moyen manipulé par des amateurs?
Publié : 10 mars 2011, 13:05
par Papalou
Caravaggio,
Je trouve ta réponse carrément inquiétante... S'ils sont bluffé par la "qualité" de l'image tournée à l'appareil photo (alors que c'est une vraie cochonnerie : aliasing, rolling shutter, etc...), ça n'augure rien de bon sur leur sens critique au niveau du son !
Publié : 10 mars 2011, 13:20
par Greg-caravaggio
oups... je sais pourquoi je travaille dans le son... Je dois bien avouer mon inexpérience et mon désinterêt pour l'image. Mais je maintiens mon propos : s'il faut en passer par ce matériel pour que la prise de conscience se fasse, ce sera tant mieux.
(sans vouloir être HS, Papalou, ça m'intéresserait que tu développes au sujet des "cochonneries" jusque là, je n'ai pas trouvé les images imondes : éclaire-moi!)
Publié : 10 mars 2011, 13:46
par Maxwyme
Moi j'aime bien tourner avec des appareils photo... tout va vite, tout est plus léger... le 5D bien évidemment, pour peu qu'on ait loué tous les accessoires nécessaires (steady, rails...) et que l'opé-image ait l'habitude de manoeuvrer avec cet engin, bah le résultat est carrément épatant! Des films entiers sont désormais faits au 5D, sans parler des clips musicaux, qui ont vraiment fait main basse sur l'appareil... Alors, que ce ne soit pas une véritable caméra OK, mais en aucun cas on ne peut dire que c'est une cochonnerie, ça tend même à démocratiser le tournage, et à rendre davantage accessible la production d'un court-métrage par exemple.
Avec ça j'enregistre souvent sur Sonosax mini-R, et oui tout se fait au clap!
Publié : 10 mars 2011, 15:55
par Elie
Je suis assez d'accord avec la première intervention de Max. Avoir une relation de confiance avec le réalisateur ou le 1° aide beaucoup d'ailleurs.
Dans le cas d'une équipe qu'on ne connait pas, peut-être que payer son pot en début de tournage peut aider. Je crois que c'était une tradition du temps de nos grands anciens.
Sinon, plus sérieusement je joins un lien vers un article de Télérama qui, dans sa deuxième partie traite justement de la place du chef op son sur un tournage :
http://www.telerama.fr/cinema/il-y-a-de ... ,50545.php
Publié : 10 mars 2011, 18:53
par Foxp2
Il faut reconnaitre que le son est un poste qui embete tt le monde...les comediens sont derangés avc des hf, l'equipe est derangee avc des ambiances raccords qui ne sont jamais raccords, le real est derange par son casque a chaque fois qu'il s'assoit dessus, les electro et machino sont deranges a devoir eloignér ou assourdir leurs appareils, le cadreur est derange par la perche..y a que le perchman qui se ballade , un sourire beat au milieu du plateau, ce qui enerve l'equipe entiere..Il n' y a pas de solution , ormis etre pertinent dans ses requetes..
Publié : 10 mars 2011, 23:21
par Maxwyme
Foxp2 a écrit :le real est derange par son casque a chaque fois qu'il s'assoit dessus
C'est exactement ça...
Mais c'est vrai que sous son aspect rigolo, ta description est tout à fait en phase avec la solitude que peut ressentir le chef-op son, dans une équipe de 15 personnes, il est bel et bien le seul à raisonner avec les oreilles, une réalité qui échappe souvent à tout le monde. Il faut donc leur rappeler, mais pas trop non plus.
Une solitude qui heureusement s'épanouit pleinement lors du mixage!
Publié : 11 mars 2011, 10:05
par Papalou
Pour répondre au HS sur le 5D (et ses compères : 1D, 7D...) :
Ce qui épate, c'est que le capteur et les optiques disponibles pour ces appareils ont un rendu de la profondeur de champ très cinématographique, et au premier abord, oui, c'est très beau.
Mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit du détournement d'un appareil photo à un usage vidéo, et que cela a de nombreuses limitations techniques : tout d'abord, aucun de ces appareils ne peut faire du 24 i/s, et le 25 i/s est même arrivé très récemment. Avant, c'était uniquement 23,976 ou 30 (29,97). Ca n'a l'air de rien comme ça, mais en éclairage artificiel quand le courant est à 50 Hz, c'est un énorme problème technique, qui nécessite un équipement spécifique pour ne pas avoir d'artefact à l'éclairage, et c'est très couteux. Donc c'est du moins cher qui peut au final coûter plus cher... Bon, le problème ne se pose pas en lumière naturelle.
Ensuite, il y a des problèmes liés à la technologie : tout d'abord l'aliasing sur certaines matières et sur les mouvement peut rendre pas mal de prises inexploitables, ou nécessiter de gros traitement en FX derrière : encore un coût caché du "moins cher". Le pompon étant le rolling shutter, je vous invite à vous documenter par vous même sur ce que c'est car ce n'est pas évident à expliquer ici en deux mots, mais c'est aussi un gros problème qui peut nécessiter des VFX assez lourds derrières.
Il faut donc une équipe très au fait de tout cela sur le tournage, un équipement par ailleurs pointu (comme le suggère Maxwyne avec les steady et les rails, et aussi l'éclairage, donc), ce qui fait qu'au final, le avantages (le coût), est complètement noyé dans l'enveloppe générale du budget, car on a toujours besoin d'un peu plus qu'une caméra pour tourner... Et si on tourne "à l'arrache" (ce pour quoi ce genre d'appareils semblent fait, compte-tenu du coût, de la sensibilité en basses lumière, et de la compacité), ben bonjour la cata derrière.
C'est un produit qui s'est imposé en clip vidéo, et qui me paraît pas si mal pour ça, mais toutes les expériences (nombreuses, croyez-moi !) que j'ai eu avec en long-métrage (soit pour quelques plans, soit pour le film entier) ont été de vrais chemins de croix pour les gens qui ont bossé sur l'image derrière.
Imaginez qu'au montage des directs, on vous apporte un prémix perche + HF mono qui phase dans tous les sens et rien d'autre, et vous aurez une idée de ce que ça peut représenter pour les gens de l'image...
Fin du HS, désolé !