Sound Designers

Salut,

Ce matin dans le RER il y avait un violoniste qui jouait à l'autre bout de la rame où j'étais monté. Le train était bizarrement assez vide, et du coup l'ambiance était vraiment bonne : on entendait bien tous les petits sons du rer, mais aussi quelques voix et surtout le violon en fond sonore, faible mais audible.
Bref, pour une fois c'était vraiment agréable à écouter, et j'aurais vraiment aimé enregistrer ça (malheureusement pas le matos sur moi).

Donc avant que ça se représente, j'aimerais savoir qques trucs :

Est-ce qu'on peut comme ça enregistrer une ambiance (avec un musicien, la discussion des gens) et les exploiter ensuite sans demander rien à personne?
Dans le cas d'un musicien "itinérant" comme ce matin, qui reste juste le temps de quelques stations, est-ce qu'on peut considérer que ça fait partie du fond sonore? (au même titre que le brouhaha des gens par exemple)
Après tout, on enregistre une ambiance et le musicien en question n'est qu'un élément parmi les autres (s'il reste dans la masse sonore, loin du micro). Non?


Aussi on m'a dit récemment qu'il fallait normalement une autorisation de la SNCF pour pouvoir enregistrer dans les gares ou les trains.

Avant ça j'avais déjà fait plusieurs prises un peu sur l'instant, mais j'aimerais pouvoir en faire de meilleures, notamment dans le métro parisien, en y consacrant une journée ou une demi-journée.
J'imagine que tant que ça reste sur des projets persos ou à petite diffusion y aura pas de soucis, mais je suis un peu curieux de savoir comment ça marche ensuite : par exemple est-ce que ça veut dire que les librairies commerciales qui proposent ces sons (métro, ter, rer) à la vente ont (ou doivent avoir) cette autorisation SNCF? Est-ce vous êtes déjà allé enregistrer ces sons vous-même?


Merci

Robin

Il me semble que le RER dépend plus de la RATP que de la SNCF....?....
En même temps, c'est le même type de politique.

Sinon, perso, ce que j'en sais et que je pratique c'est:
-il faut normalement une autorisation pour filmer et/ou enregistrer mais, surtout dans le cas du son, personne n'en demande (sauf, probablement, lorsque l'enregistrement est destiné à un usage commercial du type sonothèque en vente ou qu'il y a une grosse prod' derrière, et encore). Le tout est d'être un minimum discret et d'éviter les caméras et les agents.
-concernant le musicien dans la rame, tu ne lui dois rien (à part une pièce si le talent est au RDV)puisqu'il n'a pas le droit d'être là (mendicité interdite dans les rames). En revanche, si ton son devait être exploité (TV, film, etc...), il faudrait s'occuper de savoir ce que jouait le musicien. C'est là qu'il pourrait y avoir des droits d'auteur.
-enfin, la seule chose à éviter en terme d'exploitation du son sont les "jingles" et autres habillages musicaux de la SNCF ou de la RATP (genre le jingle avant l'annonce de l'arrivée d'un train), sur lesquels il y a également des droits dont il faudra s'acquitter pour ne pas risquer des poursuites. Donc, à moins que la demande (film, série TV) ne porte précisément sur ces sons, mieux vaut ne pas les enregistrer/utiliser.

Bonjour Dupont et merci pour tes réponses,

Donc à priori exit l'autorisation (je n'avais pas vraiment l'intention d'en demander une, mais c'est toujours bon à savoir).
Sinon c'est noté pour les jingles, merci de l'avoir souligné parce que je n'y avais pas du tout pensé. Donc il s'agit plutôt de les "éviter" que de les enregistrer...

Dupont a écrit :Il me semble que le RER dépend plus de la RATP que de la SNCF....?....

Oui et non... généralement il y a une partie exploitée par la RATP et une autre par la SNCF, mais ça dépend aussi des lignes (la C par exemple qui est entièrement gérée par la SNCF).


Robin

Hello,

Je confirme les dires de Dupond, sachant que la probabilité de refus est énorme suivant les périodes (vigipirate) et le type de production.

Je me suis fait choppé une fois sur la Ligne 14. Ils ont été indulgents à notre égard, mais interdiction de continuer à tourner.
Il faut dire qu'on a fait la totale : Tournage à 6, ostensible, plusieurs aller retour sur la ligne, et deux terminus pour avoir le train vide sur toute la longueur... Quelle naïveté avions nous à l'époque
On a finalement réussi à exploiter ce que nous avions, on a juste eu à tourner deux plans supplémentaires façon "touristes en vacances" (puisque comme tout le monde j'équipe ma famille de HF lorsque je tourne mes films en voyage).

Cela dit tourner à l'arrache arrive à tout le monde, même lorsqu'on se nomme Coppola, pour une séquence dans le métro de Tokyo pour Lost In Translation

Bonjour,

Il y a dix ans j'avais enregistré des ambiances dans le métro avec une paire de microphone Sennheiser MKE2 cachée derrière les oreilles. L'enregistreur mini-Disc étant dans ma poche tourné en permanence. Les bruits d'entrée et de sortie de station, les portes qui s'ouvrent dans la rame, le brouhaha, m'intéressaient. Il s'agissait de faire l'ornement sonore d'entre les plages d'un disque ayant pour thème le métro. J'ai fait la prise de son de manière à ce que personne ne se doute de l'opération.

Par ailleurs, je me suis souvent promené dans le métro, rames et couloirs, avec une grosse caméra BetaNum et son porte-filtre Chrosziel énorme, sans jamais être inquiété. Peut-être des coups de chance... J'ai bien le droit de transporter du matériel.

Au contraire, je me suis fait vidé par la peau du dos des jardins du Luxembourg avec la dite caméra... Ayant eu du mal à justifier le film de famille.

Bien amicalement.

Hello,

J'ai aussi fait quelques trajets avec mon double ORTF dans le metro et j'ai pas été inquiété. En fait c'est plus dur en station la ou il y a du personnel de la RATP, effectivement ils n'aiment pas trop.
Mais une fois dans une rame ...

Je confirme les dires de mes camarades, le seul avantage d'être dans une société ou l'image règne c'est que tu peux prendre du son ou tu veux quand tu veux et de ce que tu veux sans rien demander à personne.
J'ai fait un paquet d'aller retour en RER B et métro (ligne 14 entre autre) avec perche, gros dat et couple sans que l'on vienne me poser la moindre question ; idem en plein aérogare à CDG et le long des grillages près des pistes ; au milieu de la cours du chateau de Versailles ; etc ...
Seule "interpellation" , au louvre dans les galeries commerçantes, je fais une ambiance tranquille près de la pyramide inversée lorsque soudain surgit d'une porte dérobé derrière moi une personne en costard (genre conservateur) suivi d'un groupe de 4-5 personnes en costard aussi, le type se plante devant moi et me dit : "je peux savoir ce que vous faites",
moi :"oui, je prend du son"
lui : "et dans quel but je vous prie ?"
moi (pinnocchio):"pour mon plaisir personnel"
surprise, silence confus ... puis
lui : "bon... bonne journée"

Dupont a écrit :enfin, la seule chose à éviter en terme d'exploitation du son sont les "jingles" et autres habillages musicaux de la SNCF ou de la RATP (genre le jingle avant l'annonce de l'arrivée d'un train), sur lesquels il y a également des droits dont il faudra s'acquitter pour ne pas risquer des poursuites. Donc, à moins que la demande (film, série TV) ne porte précisément sur ces sons, mieux vaut ne pas les enregistrer/utiliser.

Il me semblait que si le tournage image avait bien été autorisé par la sncf (pour la ratp je ne sais pas), cela incluait le droit d'utiliser les sons de la gare y compris les annonces et le jingle sncf.
Quelqu'un en saurait plus à ce sujet?

A+

-concernant le musicien dans la rame, tu ne lui dois rien (à part une pièce si le talent est au RDV)puisqu'il n'a pas le droit d'être là (mendicité interdite dans les rames). En revanche, si ton son devait être exploité (TV, film, etc...), il faudrait s'occuper de savoir ce que jouait le musicien. C'est là qu'il pourrait y avoir des droits d'auteur.

Les droits d'auteur ou les droits voisins sont d'ordre public et s'appliquent quoiqu'il arrive. Donc même si un musicien est en infraction, sa prestation n'échappe pas aux droits voisins! En effet, ces droits sont des droits personnels donc attachés à la personne.

En raisonnant autrement, le fait de troubler la tranquilité des voyageurs est une contravention, alors que la contrefaçon est une infraction plus grave puisqu'un délit! L'interdiction de mendier et de troubler la tranquillité des voyageurs semble une incrimination tout à fait indépendante: il me semble difficile de lui appliquer l'adage Nemo Auditur (celui que tu as appliqué sans le savoir ) dans un cas pareil puisqu'il n'y a pas de lien de causalité entre le préjudice subi par le musicien du fait de la captation non autorisée et le fait qu'il ait joué dans un endroit où il n'avait pas le droit de le faire.


Enfin, plus tordu, on pourrait très bien arguer également que tu exploites les fruits de cette mendicité en la captant. Or le fait d'exploiter la mendicité d'autrui est un délit (225-12-5 ss du Code pénal).

moi (pinnocchio):"pour mon plaisir personnel"
surprise, silence confus ... puis
lui : "bon... bonne journée"

Excellent!