Sound Designers

Salut la foule,

J'ai revu hier soir le film réalisé par Guillaume Canet, "Ne le dis à personne" (je ne l'avais pas vu en salle).
http://www.imdb.com/title/tt0362225/combined

Juste pour dire, hors scénario et réalisation, j'ai été bluffé par la qualité des prises de son, et du mixage... Sur un bon système home cinema ou juste une chaine hifi, c'est impressionnant (c'était juste un DVD, même pas un Blu-Ray)...
J'ai notamment halluciné sur la voix off de Dussolier, waouh bravo au preneur de son studio (Armelle Mahé ?) et à Gérard Lamps pour son traitement, c'est juste magnifique AMHA ! Quasi irréelle tellement elle est belle... Et au parfait niveau, bien devant sans être agressive.
Et les prises de son direct, c'est la leçon, même quand ça semble compliqué au cadre ou dans les mouvements de caméra...

Tout le son du film est très réussi finalement, même si je trouve le montage son (Jean Goudier) assez "classique", mais ça marche alors...

Bravo à l'équipe son, je cite IMDB :

Vincent Breau .... first assistant sound
Bernard Chaumeil .... boom operator
Pascal Chauvin .... foley artist
Rémi Daru .... trainee sound assistant
Pierre Gamet .... sound
Jean Goudier .... sound editor
Gérard Lamps .... sound re-recording mixer
Maëlle Le Coadic .... assistant sound editor
Armelle Mahé .... assistant sound mixer
Armelle Mahé .... dialogue recordist
Armelle Mahé .... foley recording engineer
Vincent Montrobert .... dialogue editor
Franck Tassel .... assistant foley artist
Jacques Tassel .... foley artist

Hello Dorian,
J'ai été recorder sur la deuxième session de mixage de ce film. J'ai pris une grosse claque, car je n'avais jamais approché de projet cette envergure . Comme cette session de mix a servi à dépuceler la S5 de Dovidis
j'ai suivi d'assez près les séances. Les sons directs de Pierre Gamet étaient fabuleux et le travail de Gérard Lamps était comme toujours exceptionnel. Quand au montage son, il n'est pas si classique que ça car il comporte beaucoup de choses atypiques qui donnent au mix des textures étonnantes malgré une apparente banalité. La plupart des ces ajouts sont imperceptibles en tant qu'effets de montage son (ex: bruits d'hélicos, oiseaux chelous voire fantastiques) car il font écho à la musique. La justesse acoustique des ambiances permet dans ce film bien des audaces en particulier dans les offs. Il y a des sons comme celui de la balançoire dans le parc qui révèlent des souvenirs d'enfance oubliés: ce vrombissement si caractéristique dans les oreilles. On n'y fait pas attention car la balançoire n'est qu'un élément de décor mais inconsciemment ce genre de détail rend plus réceptif d'un point de vue émotionnel.
C'est une expérience que je ne suis pas prêt d'oublier.

C'est sûr que le montage son doit être très réussi, c'est vrai que je n'ai pas trop fait attention (c'est toujours bon signe comme tu le soulignes), et que ça doit être tout dans la finesse (Jean Goudier tout de même, un grand monsieur du montage son).
Mais j'ai été tellement happé par la qualité des sons directs et de la voix off (et leurs traitements en mix probablement), et le mixage de façon générale (y compris musiques, pourtant je suis difficile la dessus)...

Pour la peine je le reverrai, en me concentrant cette fois sur le boulot de monsieur Goudier. Merci à toi THXmono pour ton retour de "l'intérieur" si je puis dire.

je me rappelle avoir beaucoup apprécié ce film à l'époque, et vos commentaires me donnent sérieusement envie de m'y replonger pour l'analyser (...) coté son

J'aimerai avoir votre avis concernant les musiques,
Si ma mémoire est bonne les guitares de M sont des impros dans l'esprit de "Dead Man" (Jim Jarmusch-Neil Young) quand on aime le cinéma et la guitare, c'est le pied absolu, mais je m'égare.
Je pense plutôt aux chansons comme celles de U2, Jeff Buckley et je crois aussi Janis Joplin à moins que ce ne soit dans les petits mouchoirs. Bref envoyer du U2 dans un film c'est comme qui dirait vendu d'avance...
Faut dire que c'est très bien exploité quand François Cluzet erre dans paris avec son chien, il percute et la musique se développe au fur et à mesure que sa course accélère , bon ben ça devient un clip... Alors oui en salle, ça secoue les tripes mais alors??? Génial ou trop facile?? ou encore Lilac Wine sur le cercueil qui brûle, difficile de ne pas se mordre les lèvres...

faut pas raconter les films ...

le temps de mettre femme et fille au lit, et hop je m'y replonge

Effectivement après deuxième écoute, le montage son est lui aussi très réussi ! Finesse et justesse, rien à redire. Choix d'un total silence (fond d'air limite imperceptible) sur les aveux de Dussolier à la fin, bien vu (et merci la prise de son impeccable j'imagine).

Pour les musiques "pop" ça ne m'a pas dérangé, et il y en a assez peu donc. J'aime bcp Jeff Buckley, même si je préfère son père Tim en fait . J'ai reconnu du Otis Redding aussi.
Pour M je suis pas fana en soit, même si je trouve l'idée très intéressante. Mais comme tu dis n'est pas Ry Cooder (cf. Paris Texas) ou Neil Young qui veut... Mais ça fait la blague je trouve.

Bon, c'est vraiment un film intense avec des passages forts comme la poursuite sur le périph, scénario bien construit et imprévisible, je ne me rappelais plus de la fin!

Coté musique, j'ai beaucoup apprécié les bandes pop-rock qui donnent un ton road movie au film, ce qui sied bien au personnage qui pour le coup roule plutôt vers son passé, bien vu
Mais alors le niveau son/musique ets trop fort, à -3/ -4dB en dessous ce serait mieux, car les transitions de situation entre son des scènes et plans musique sont bien trop marquées

Pour le reste, je suis surpris que Dorian porte ce mixage aux nues, car il est à 90% monophonique dirigé sur le canal central, ce qui est aux antipodes d'un esprit ambisonique
Je précise que j'avais les yeux rivés sur mes VU tout en dégustant le film
Les plongeons dans l'eau, claquements de portes, bruits divers, sons direct mais naturellement ressenti dans l'espace par notre écoute binaurale (ce qui nous permet de déterminer la nature acoustique du lieu) donc chargés de champs diffus ne sont présentés que dans la piste centrale, donc zéro enveloppement ou immersion
Pas un poil dans les autre quatre canaux, exception faite de quelques moments comme la scène au restaurant et les situations dans la rue
Mais la encore, c'est assez léger, en fermant les yeux on n'est pas entouré au restaurant, et les voitures et piétons sont, sont, sont ou ? ...
C'est manifestement un mix prévu pour tourner sur la télé et ca marche par-fai-te-ment dans ce contexte, et puis le film n'en souffre pas plus que ça

Pour la musique, elle est très bien mixée sur les quatre canaux AV/AR avec une bonne dominance vers l'avant scène, pas dans l'écran, avec une belle largeur qui soutiennent bien l'espace psychique du scénario

faut pas raconter les films ...

Hem... désolé... je me suis emporté.
La prochaine fois je vous raconterai la fin de Usual Suspects.

Fidel a écrit :Mais alors le niveau son/musique ets trop fort, à -3/ -4dB en dessous ce serait mieux, car les transitions de situation entre son des scènes et plans musique sont bien trop marquées

Je pense que c'est une volonté de Mr Canet. J'ai effectivement aussi entendu des fades out musiques bien trop marqués (celle de U2 par exemple), mais après je n'étais pas au mix...

Pour le reste, je suis surpris que Dorian porte ce mixage aux nues, car il est à 90% monophonique dirigé sur le canal central, ce qui est aux antipodes d'un esprit ambisonique

Je sais pas si je l'ai dit plus haut mais je l'ai vu en stéréo, et j'ai bien eu des sensations gauche droite marquées sur plein de choses. Après je n'ai pas ton install, et je ne peux pas parler du surround, absent chez moi pour des questions de place...

Je précise que j'avais les yeux rivés sur mes VU tout en dégustant le film

Mais comment est-ce possible ?

Les plongeons dans l'eau, claquements de portes, bruits divers, sons direct mais naturellement ressenti dans l'espace par notre écoute binaurale (ce qui nous permet de déterminer la nature acoustique du lieu) donc chargés de champs diffus ne sont présentés que dans la piste centrale, donc zéro enveloppement ou immersion

Ca doit être du bruitage, donc "traditionnellement" routé au centre (comme les pas, présences, etc.).

Pas un poil dans les autre quatre canaux, exception faite de quelques moments comme la scène au restaurant et les situations dans la rue
Mais la encore, c'est assez léger, en fermant les yeux on n'est pas entouré au restaurant, et les voitures et piétons sont, sont, sont ou ? ...
C'est manifestement un mix prévu pour tourner sur la télé et ca marche par-fai-te-ment dans ce contexte, et puis le film n'en souffre pas plus que ça

Connaissant Gérard je ne pense pas que ce soit prévu pour la télé, mais ce serait intéressant d'avoir le point de vue d'Armelle ou de Jean Goudier sur ton ressenti ?
J'avoue ne pas m'être trop préoccupé de la spacialisation, et pour cause (pas top chez moi, bonne écoute L/R mais enceintes assez rapprochées quand dans le canapé ).

Pour la musique, elle est très bien mixée sur les quatre canaux AV/AR avec une bonne dominance vers l'avant scène, pas dans l'écran, avec une belle largeur qui soutiennent bien l'espace psychique du scénario

De ce que j'en ai vu, Gérard apporte un soin tout particulier aux musiques, tout comme les voix, je ne suis pas trop étonné sur ce point.