Je suis comme vous: je trouve très belle cette lettre et je suis aussi d'accord sur le fait que le cinéma n'étonne plus, ne surprend plus. Il est loin le temps où on pouvait montrer ce que l'on voulait. Il est loin le temps où Salo ou les 120 journées de Sodome ou l'Empire des Sens pouvaient sortir en salle. La violence et le sexe sont plus présents, mais dans sa dimension la plus lisse et la plus acceptable. Je suis encore étonné que des films comme Crash par exemple, qui réfléchisent vraiment sur la notion de fantasme sans tabou d'aucune sorte puisse encore sortir en salle avec le puritanisme auquel on assiste aux USA (largement responsable de la situation en France). Je pense que tout vient d'ailleurs du fait que les associations familiales sont devenus toutes puissantes et que la tranche d'âge la plus économiquement rentable est celle des enfants... Or les enfants ne veulent pas réfléchir et ne peuvent évidemment pas voir l'immontrable. Il y a 20 ou 30 ans, le marché grands ado, le marché adulte et le marché enfants n'étaient pas confondus. Aujourd'hui les enfants voient tous les films qui sortent en salle, on doit donc penser un film comme un film familial et donc on privilégie ce qui est lisse et accessible...
Et surtout, on n'est plus capable de contempler... On est tellement habitué à faire les choses vite, à avoir tout tout de suite, d'un clic de souris, qu'on n'est plus capable d'apprécier un plan de plus d'une ou deux secondes. Résultat: des films qui vont tellement vite qu'on ne voit plus rien (Batman Begins par exemple, où les batailles sont floues) et la prohibition complète du plan séquence (p****n mais merde, qu'est-ce que c'était beau Apocalypse Now, Blade Runner ou 2001)
CE qui n'enlève rien à la qualité de certains films commerciaux. Les livres d'Harry Potter sont très profonds, les films le reflètent moins mais quand même...
Tout à fait C'est catastrophique. Et le pire, c'est que malgré nous, on entre dans cette logique.On pourrait croire qu'avec Internet il y aura toujours plus d'espaces pour plus de films. Non ! Paradoxalement, plus on ouvre de fenêtres et plus les portes se ferment. La multiplication des espaces de diffusion accentue la logique de l'Audimat et l'omniprésence des block-busters. Le résultat : un formatage sans précédent des oeuvres.