YuHirà a écrit :La particularité de cette crise boursière, c'est que c'est une crise purement psychologique: c'est une crise de "confiance". Les Etats ont épuisé toutes leurs cartouches pour rétablir la confiance, en vain. Or la bourse aujourd'hui ce n'est que de la communication quelque part: tout dépend d'effets d'annonce. Si les médias insistent constamment sur la crise, ils ne font qu'accentuer cette perte de confiance. Du coup la crise perdure et ils continuent d'en parler... C'est un cercle vicieux.
Tout d'abord, bonne année à tous et à toi Yuhira !
Si je puis me permettre, tant qu'on continuera à colporter ce genre de catéchisme, la crise a de beaux jours devant elle. C'est un peu comme la fameuse théorie de la main invisible qu'on nous assène et qui sent quand même la propagande à plein nez : l'économie, ce n'est jamais que ce qu'on en fait, et la monnaie une convention pour faciliter les échanges. Il a existé des économies , certes frustres, avant qu'il y ait monnaie.
La problème de la crise actuelle, qui n'a rien d'une crise de confiance ou d'un cycle à la con de 10, 20, 50, 50 ou 78,342 ans, c'est qu'elle reproduit pour la première fois à l'échelle mondiale des phénomènes que l'on a déjà observés au niveau national, européen ou occidental.
Parce que c'est quoi, en substance, cette crise ? Depuis une quarantaine d'années, on n'a cessé de déréguler (le grand signal de départ a été l'abandon des parités fixes entre monnaies le 15 août 1971), et de nous expliquer en long en large et en travers à longueur de médias complaisants que tout ça c'est compliqué et une affaire de spécialistes, qu'il faut libéraliser "le marché", rendre les banques centrales indépendantes du politique, tout verrouiller en terme d'investissement avec des critères de "bonne gestion", etc...
Bilan ? Ce sont les mêmes groupes de personnes qui décident des taux d'escompte, de l'émission de monnaie, qui spéculent en bourse, créent de nouveaux instruments techniques (marchés dérivés, titrisation, actifs hors-bilan, échanges hors-cotation...). Tant et si bien que l'ensemble de ces instruments financiers (de ce casino ?) représentent bien plus que les bourses qui ne sont que la partie émergée de l'iceberg, et où tout défaut de paiement entraîne une réaction en chaîne.
C'est ce qui s'est passé avec la crise des subprimes : un élément du système à flanché, entraînant le reste dans sa chute. L'ensemble des actifs engagés aujourd'hui sont quasiment impossibles à évaluer avec précision, mais il est certain que cela représente au bas mots des siècles du PIB mondial actuel. Et on est en train de nous dire : "on va renflouer les banques". Ce qui est impossible sans faire un tri et mettre une bonne fois pour toute de côté toutes ces dettes sans fond et sans fondement, parce que la saignée ne va jamais s'arrêter sinon. Le risque majeur de continuer ainsi d'injecter de la liquidité, c'est de créer de l'hyperinflation, et là, croyez-moi, on ne va pas rigoler.
Posons-nous les bonnes questions : à quoi ça sert et à qui ça profite d'avoir un flottement permanent des valeurs ? Dans les années 50-60, les valeurs étaient fixées deux fois par jour, et puis c'est tout. On pourrait même imaginer un système ou une valeur serait fixée pour la semaine, l'une des forces des trente glorieuses étaient d'ailleurs d'avoir permis des accords sur des longues durées entre états et sociétés pour avoir des approvisionnements réguliers et à coût maîtrisé des matières premières et des produits. Double avantage : maîtrise des dépenses pour l'acheteur, certitude de la régularité des revenus pour le vendeur. Pourquoi a-ton mis au panier ce qui marchait ?
Pour rappel, la dernière crise hyperinflationniste connue a été celle de l'Allemagne de Weimar en 1923. Vous vous rappelez de la suite ?
Et le dernier grand effondrement financier et de civilisation connu par l'occident au moyen-âge (banqueroute des banquiers lombards) a vu la population diminuer d'au moins un tiers à cause des famines et des maladies.
Il fut une époque ou certaines notions économiques évidentes étaient acceptées à droite comme à gauche par les politiques (dans le cas de la France, de De Gaulle aux communistes en passant par Mendès-France), aujourd'hui, on a l'impression du même consensus, mais pour défendre le marché (vous allez me dire pas les communistes, mais combien font-ils maintenant aux élections ?).
Alors, j'espère que l'année 2009 va aller dans le bon sens, parce que sinon, on n'a pas le cul sorti des ronces comme dirait Burns, et ce n'est pas la confiance ou les chroniques rassurantes des soi-disant spécialistes ("la crise est dernière nous") qui vont changer grand chose à cela.
Désolé d'avoir été aussi long et peut-être un poil énervé aussi.
Bonne année à tous !
Batterie de cuisine Lagostina - Mixeur Kenwood - Four Sauter - etc...