Droit et Copie Privée
Publié : 06 août 2004, 16:03
voilà de quoi alimenter une discussion entamée un soir d'été, en terrasse, un Martini Gin à la main en ce qui me concerne...
Le Tribunal de grande instance de Paris a validé, le 30 avril 2004, la présence d'une mesure technique de protection sur un DVD en limitant les possibilités de copie.
Le "droit" à la copie privée a, semble-t-il, vécu. Dans sa décision du 30 avril 2004, le Tribunal de grande instance de Paris a en effet pour la première fois clairement validé les systèmes de protection anti-copie. Une mesure technique de protection peut donc valablement limiter les possibilités pour les acheteurs de produits équipés de celle-ci d'en réaliser des copies.
En l'espèce, un particulier s'était procuré le DVD du film de David Lynch, "Mulholland Drive" contenant une mesure de protection anti-copie bien que la jaquette du DVD ne le mentionnait pas. N'ayant pu réaliser une telle copie, il a donc assigné en justice, accompagné de l'association de défense des consommateurs UFC - Que Choisir, les sociétés Films Alain Sarde, Universal Pictures Video France et Studio Canal pour atteinte aux dispositions de l'article L. 122-5 du Code de la propriété intellectuelle. Selon les demandeurs, cet article instituerait au profit de l'acquéreur d'une œuvre enregistrée un "droit à en faire une copie privée". Ils reprochaient également aux défendeurs le défaut d'information sur la présence du dispositif anti-copie.
Pour mémoire, l'article L. 122-5 du Code de la propriété intellectuelle énonce que "lorsque l'oeuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective".
S'agissant de ce qu'il qualifie "d'exception précisément circonscrite", le tribunal a rappelé que l’exercice de cette faculté de copie privée ne doit "pas porter atteinte à l’exploitation normale de l’oeuvre ni causer un préjudice injustifié aux intérêts légitimes de I’auteur". Il s'est appuyé à cet égard sur le fameux « test des trois étapes » qui ressort des dispositions de la Convention de Berne du 9 septembre 1886 pour la protection des œuvres littéraires et artistiques (article 9-2), de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) du 15 avril 1994 (article 13), du Traité de I’OMPI sur le droit d’auteur du 20 décembre 1996 et de la directive du 22 mai 2001 sur l'harmonisation de certains aspects du droit d'auteur et des droits voisins dans la société de l'information, dite "directive Société de l'Information" (article 5 et 6) en cours de transposition dans notre droit interne.
Jusque là, les actions intentées par les associations de défense des consommateurs contre les maisons de disque sur la question des mesures techniques de protection n'avaient jamais conduit les tribunaux à se prononcer sur la validité de ces mesures. Ainsi, dans 2 décisions antérieures en date du 24 juin 2003 [Juriscom.net] (affaire relative au CD de l'album de Liane Foly "Au fur et à mesure") et du 2 septembre 2003 [Jurisom.net] (affaire relative au CD de l'album d’Alain Souchon "J’veux du Live"), le Tribunal de grande instance de Nanterre avait condamné les sociétés éditrices des CD protégés pour défaut d'information et pour vices cachés. Bien que les CD indiquaient la présence d'un dispositif technique limitant les possibilités de copie, aucune mention n'avertissait le consommateur sur les limitations éventuelles de lecture qu'elles pouvaient engendrer.
Sur la question du défaut d'information qui était une nouvelle fois soulevée par l'acquéreur d'un produit protégé, le tribunal a jugé que "si une information précise du consommateur sur l’impossibilité de réaliser une copie privée du DVD litigieux aurait pu figurer sur la jaquette de celui-ci, il demeure que ne constitue pas une caractéristique essentielle d’un tel produit la possibilité de le reproduire alors surtout qu’il ne peut bénéficier de l’exception de copie privée".
Ainsi, au regard de ces différentes décisions, il apparaît que les mesures techniques de protection limitant les possibilités de copie sont valides, à condition que les consommateurs soient avertis des seules gênes de lecture qu'elles peuvent susciter sur certains lecteurs.
On rappellera enfin qu'à l'occasion du débat organisé le 10 septembre 2003 par le Forum des droits sur l'internet sur le thème "Internet, menace ou opportunité pour l’industrie musicale?", le ministre de la culture et de la communication de l'époque, Jean-Jacques Aillagon s'était prononcé en faveur de la possibilité pour le consommateur de réaliser des copies de CD ou de morceaux de musique tout en reconnaissant qu'il était normal que le nombre de copies puissent être limité par les éditeurs pour se protéger des abus dont le secteur de l'industrie musicale est aujourd'hui l'objet.
La question de l'articulation de la copie privée et des mesures techniques de protection devrait être réglée par le législateur à l'occasion de la transposition en droit national de la directive "Société de l'Information" dont la première lecture du projet de loi de transposition, présenté le 12 novembre 2003 par le ministre de la culture, est prévue à l'Assemblée nationale cet été. Rappelons que la directive prévoit la validité de ces mesures et la répression des moyens permettant de les contourner. La parole est donc au législateur…
Le Tribunal de grande instance de Paris a validé, le 30 avril 2004, la présence d'une mesure technique de protection sur un DVD en limitant les possibilités de copie.
Le "droit" à la copie privée a, semble-t-il, vécu. Dans sa décision du 30 avril 2004, le Tribunal de grande instance de Paris a en effet pour la première fois clairement validé les systèmes de protection anti-copie. Une mesure technique de protection peut donc valablement limiter les possibilités pour les acheteurs de produits équipés de celle-ci d'en réaliser des copies.
En l'espèce, un particulier s'était procuré le DVD du film de David Lynch, "Mulholland Drive" contenant une mesure de protection anti-copie bien que la jaquette du DVD ne le mentionnait pas. N'ayant pu réaliser une telle copie, il a donc assigné en justice, accompagné de l'association de défense des consommateurs UFC - Que Choisir, les sociétés Films Alain Sarde, Universal Pictures Video France et Studio Canal pour atteinte aux dispositions de l'article L. 122-5 du Code de la propriété intellectuelle. Selon les demandeurs, cet article instituerait au profit de l'acquéreur d'une œuvre enregistrée un "droit à en faire une copie privée". Ils reprochaient également aux défendeurs le défaut d'information sur la présence du dispositif anti-copie.
Pour mémoire, l'article L. 122-5 du Code de la propriété intellectuelle énonce que "lorsque l'oeuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective".
S'agissant de ce qu'il qualifie "d'exception précisément circonscrite", le tribunal a rappelé que l’exercice de cette faculté de copie privée ne doit "pas porter atteinte à l’exploitation normale de l’oeuvre ni causer un préjudice injustifié aux intérêts légitimes de I’auteur". Il s'est appuyé à cet égard sur le fameux « test des trois étapes » qui ressort des dispositions de la Convention de Berne du 9 septembre 1886 pour la protection des œuvres littéraires et artistiques (article 9-2), de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) du 15 avril 1994 (article 13), du Traité de I’OMPI sur le droit d’auteur du 20 décembre 1996 et de la directive du 22 mai 2001 sur l'harmonisation de certains aspects du droit d'auteur et des droits voisins dans la société de l'information, dite "directive Société de l'Information" (article 5 et 6) en cours de transposition dans notre droit interne.
Jusque là, les actions intentées par les associations de défense des consommateurs contre les maisons de disque sur la question des mesures techniques de protection n'avaient jamais conduit les tribunaux à se prononcer sur la validité de ces mesures. Ainsi, dans 2 décisions antérieures en date du 24 juin 2003 [Juriscom.net] (affaire relative au CD de l'album de Liane Foly "Au fur et à mesure") et du 2 septembre 2003 [Jurisom.net] (affaire relative au CD de l'album d’Alain Souchon "J’veux du Live"), le Tribunal de grande instance de Nanterre avait condamné les sociétés éditrices des CD protégés pour défaut d'information et pour vices cachés. Bien que les CD indiquaient la présence d'un dispositif technique limitant les possibilités de copie, aucune mention n'avertissait le consommateur sur les limitations éventuelles de lecture qu'elles pouvaient engendrer.
Sur la question du défaut d'information qui était une nouvelle fois soulevée par l'acquéreur d'un produit protégé, le tribunal a jugé que "si une information précise du consommateur sur l’impossibilité de réaliser une copie privée du DVD litigieux aurait pu figurer sur la jaquette de celui-ci, il demeure que ne constitue pas une caractéristique essentielle d’un tel produit la possibilité de le reproduire alors surtout qu’il ne peut bénéficier de l’exception de copie privée".
Ainsi, au regard de ces différentes décisions, il apparaît que les mesures techniques de protection limitant les possibilités de copie sont valides, à condition que les consommateurs soient avertis des seules gênes de lecture qu'elles peuvent susciter sur certains lecteurs.
On rappellera enfin qu'à l'occasion du débat organisé le 10 septembre 2003 par le Forum des droits sur l'internet sur le thème "Internet, menace ou opportunité pour l’industrie musicale?", le ministre de la culture et de la communication de l'époque, Jean-Jacques Aillagon s'était prononcé en faveur de la possibilité pour le consommateur de réaliser des copies de CD ou de morceaux de musique tout en reconnaissant qu'il était normal que le nombre de copies puissent être limité par les éditeurs pour se protéger des abus dont le secteur de l'industrie musicale est aujourd'hui l'objet.
La question de l'articulation de la copie privée et des mesures techniques de protection devrait être réglée par le législateur à l'occasion de la transposition en droit national de la directive "Société de l'Information" dont la première lecture du projet de loi de transposition, présenté le 12 novembre 2003 par le ministre de la culture, est prévue à l'Assemblée nationale cet été. Rappelons que la directive prévoit la validité de ces mesures et la répression des moyens permettant de les contourner. La parole est donc au législateur…